Travailleurs d’Afrique et d’Europe : mêmes exploiteurs, même combat !

Au Gabon, le général Oligui a été déclaré “président de la transition” après que l’armée ait renversé la dynastie Bongo qui occupait le pouvoir depuis 54 ans avec le soutien de la France, ancienne puissance coloniale du pays. Après le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Tchad, le Soudan et le Niger, c’est le septième coup d’État en Afrique en trois ans.

Comme nombre de travailleurs ici espèrent que l’arrivée de nouveaux partis au gouvernement apporterait une amélioration, de nombreux Africains se réjouissent de voir dégager des familles corrompues jusqu’à la moelle. Même s’ils se doutent que les nouveaux putschistes sont tout aussi avides de s’enrichir que ceux qu’ils remplacent.

C’est qu’à l’esclavage de trois siècles puis aux cent ans de colonisation, a succédé une domination économique des grandes puissances capitalistes. Des grandes fortunes continuent d’être amassées en volant le travail des populations et les ressources naturelles des pays africains. Quant aux troupes militaires occidentales envoyées sur place, elles aggravent la misère qui sévit dans ces pays et elles sont incapables de mettre fin au terrorisme de groupes religieux ou militaires.

Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, des manifestations de soutien ont exprimé la colère de la population contre le maintien de la présence militaire française, soutien du pillage des entreprises de l’ancienne puissance coloniale. Oui, les travailleurs, les ouvriers et les paysans africains ont bien des raisons de rejeter les impérialistes !

Au Congo également, le pillage des ressources et l’exploitation par les entreprises belges perdurent. Les groupes des familles belges Damseaux, Bia, Lippens… ont été transmis de père en fils et ont résisté aux vagues d’indépendance. Tel le Groupe Forrest International (GFI) de la famille Forrest qui détient des pans entiers de l’économie du Katanga. Pour assurer leurs fortunes, ces entreprises familiales se sont liées au pouvoir. George Forrest, surnommé «vice-roi du Katanga» était un soutien du dictateur Mobutu. Il lui avait confié la réalisation d’une piste d’aéroport, celle d’une base militaire, puis l’exploitation d’une mine de cuivre.

D’autres ont profité des conflits meurtriers des années 1990 pour racheter à bon prix, avec l’appui des banques dont l’ex Fortis, les sociétés abandonnées. C’est par exemple le cas de Philippe de Moerloose qui a acquis le distributeur automobile VRP ou celui de Vincent Bribosia, repreneur du groupe de chantiers navals Chanic.

Ces capitalistes n’ont pas eu de scrupule à amasser des fortunes y compris à l’est du Congo où les conflits armés entre les rebelles du M23 et les forces armées de RDC plongent depuis plus de 30 ans la population dans des conflits meurtriers. C’est d’ailleurs à Goma, dans l’est du Congo, que  la Garde Républicaine vient de commettre un massacre en réprimant un rassemblement organisé par une secte religieuse qui protestait contre la présence des soldats de la mission des Nations-Unies. Plus de 50 personnes ont été tuées.

En réalité, coups d’État et violences militaires sont le quotidien de nombreux pays d’Afrique. D’autres coups pourraient suivre, comme au Cameroun où le président Paul Biya, 90 ans, est au pouvoir depuis presque 40 ans bien qu’il passe l’essentiel de son temps dans l’hôtel de luxe InterContinental à Genève en Suisse.

Mais, même s’ils le voulaient, ces nouveaux dirigeants sont en réalité incapables de se débarrasser de la tutelle d’au moins une grande puissance. Les grands groupes et multinationales dominent les marchés mondiaux et c’est cette domination économique qui oblige les pouvoirs des pays ex-coloniaux à se ranger derrière la France, les USA, la Chine ou bien la Russie.

Tant que les travailleurs, en Afrique comme ici, ne prendront pas confiance en leur propre camp, en leur propre force, tant qu’ils se retrancheront derrière « le moins pire » ou chercheront un sauveur suprême parmi les nombreux démagogues, la situation ne pourra qu’empirer.

En Afrique comme ici, en Amérique et en Asie, les travailleurs constituent la seule force capable de remplacer cet ordre mondial capitaliste pourrissant. La seule force capable de mettre fin à l’exploitation et à la domination des pays riches sur les pauvres. La seule force capable d’en finir avec toutes les rivalités impérialistes qui s’étalent aujourd’hui au grand jour et qui nous mènent au chaos guerrier généralisé.

Dans ce combat, les travailleurs d’Afrique doivent pouvoir compter sur les travailleurs d’ici, qui subissent les mêmes exploiteurs et dont toute une fraction vient d’Afrique, et y garde de multiples liens.