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Pas question de défendre leur démocratie bidon

L’État belge, au cœur d’une Europe soi-disant «championne de la démocratie», ne respecte pas ses propres lois ! Le 13 septembre, le Conseil d’État, l’institution censée vérifier que les décisions du gouvernement sont légales, a suspendu l’instruction du gouvernement de refuser un logement aux hommes seuls ayant demandé l’asile. La mesure jugée illégale devait donc être suspendue. Mais qu’à cela ne tienne ! La secrétaire d’État à l’asile et à la migration, Nicole de Moor (CD&V), a tout simplement déclaré qu’elle maintenait sa décision.

Si le gouvernement n’a aucun souci à fouler aux pieds ses propres lois tout en se disant démocratique, c’est parce que la démocratie qu’il prétend défendre est bidon !

Les lois, les règles qui sont fixées, ne tiennent que lorsque cela arrange les capitalistes, le patronat et le gouvernement. Nos voisins en France ont vu Macron faire passer, contre l’avis de la majorité de la population et des députés, l’augmentation de l’âge du départ à la retraite car le grand patronat en avait décidé ainsi.

Partout, les actionnaires des grandes entreprises outrepassent les lois ou les font changer pour qu’elles aillent dans le sens de leurs intérêts. La multinationale de la chimie Bayer, qui a déjà été condamnée par trois fois à indemniser des agriculteurs tombés malades à cause de l’herbicide Roundup (glyphosate), n’a eu aucun souci à obtenir de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments qu’elle rende un avis favorable au maintien du glyphosate sur le marché pour dix nouvelles années. Et dans la construction par exemple, pas un jour ne passe sans qu’une loi sur la sécurité au travail ne soit bafouée !

A l’inverse, quand ça l’arrange, le grand patronat utilise les lois contre les travailleurs. Quand le gouvernement, pour limiter la hausse des salaires, décide de retirer le prix des carburants du calcul de l’indexation, il fait un cadeau aux entreprises qui utilisent  simplement cette nouvelle loi pour attaquer les salaires. On l’a vu aussi lorsque Delhaize a obtenu de la justice l’envoi d’huissiers sur les piquets. Les lois sont utilisées par le patronat pour tenter de mieux écraser les travailleurs et sont vite oubliées quand elles font obstacle au profit.

Rien que sur la question des demandeurs d’asile, tout le monde sait bien que la majorité des nouveaux arrivants qui n’obtiennent pas de régularisation sont employés au noir. Cela y compris par des grandes firmes dans le bâtiment et dans l’horeca, ces secteurs qui sont officiellement en «pénurie» de personnel mais qui tournent tout de même à plein régime, en exploitant celles et ceux qui, du fait de ne pas avoir de papiers, n’ont d’autre choix que d’accepter les travaux les plus ingrats et les moins payés, quand ils reçoivent un salaire. Là, actionnaires, police et juges ferment les yeux.

Nicole de Moor, qui a décidé fin août de ne plus loger les hommes seuls, le sait. Tout comme elle sait qu’il serait tout à fait possible de trouver des bâtiments inoccupés où accueillir les demandeurs d’asile. Elle prétend qu’il manque de places mais elle sait aussi que des places, ça se crée. Surtout que l’on sait depuis des années que le nombre de demandeurs d’asile augmente et va continuer d’augmenter à cause de la misère grandissante et des guerres dans les pays du Sud et aussi en Ukraine.

On manquerait de moyens ? Mais des pays comme le Kenya, qui ont un PIB par habitant 25 fois plus petit que la Belgique, accueillent annuellement plus de demandeurs d’asile. Si le gouvernement s’y refuse c’est par démagogie politique, pour aggraver les divisions au sein de la population. Tout comme c’est une volonté politique du gouvernement flamand de dépenser un tiers de son budget de 2022 en subsides aux entreprises, ou de l’État belge d’augmenter les dépenses militaires au détriment des budgets des services publics utiles à toute la population.

Et ce sont ces mêmes dirigeants qui bafouent leur prétendue démocratie, qui annoncent ensuite qu’il faut économiser (sur les services utiles à la population par exemple) afin de financer l’achat de matériel militaire envoyé en Ukraine soi-disant pour «défendre les valeurs démocratiques occidentales».

Les travailleuses et les travailleurs ont intérêt à dénoncer partout l’hypocrisie des dirigeants et la tromperie de leur “démocratie”. Afin que lorsque leurs crises et leurs guerres pousseront des millions d’hommes et de femmes à la révolte, le camp des travailleurs ait conscience que la façade légale de cette soi-disant démocratie ne peut pas être ravalée. Et qu’il faut renverser le capitalisme dirigé par une minorité de parasites, supprimer la propriété privée des capitaux et des grandes entreprises, pour que ce soit la totalité de la population qui décide vraiment.

L'actualité en bref

7 secondes et une première opposition

Dans un atelier, des ouvriers ont dit non. Non à cette augmentation de la charge de travail ! Non à cet épuisement supplémentaire. Non à cette attaque de la direction. Non.

Ils se sont arrêtés de travailler pendant 20 minutes pour exprimer leur refus et leur mécontentement.

Un arrêt de travail de 20 minutes ne suffit certainement pas à faire changer la direction d’avis.

Mais un premier arrêt de travail, c’est un signe. Le signe que certains dans l’entreprise sont conscients d’une chose : la seule limite à l’exploitation, ce sera les ouvriers eux-mêmes qui la mettront. La seule défense des travailleurs, c’est de contre-attaquer dans la lutte que leur mènent les patrons.

Ces ouvriers ont montré la seule voie à suivre.

Beaucoup d’autres ont entendu parler de cet arrêt, ils ont pensé qu’ils avaient eu raison, ils ont cherché à savoir combien ils étaient à l’atelier des contestataires. En réalité, la majorité des travailleurs le sentent : si on se laisse faire, on va tout perdre, sa santé et tout son pouvoir d’achat.

7 secondes … pour travailler plus 

La direction de Volvo Cars à Gand a décidé début septembre de diminuer la vitesse à la chaîne de montage de 7 secondes. On va souffler ?

Eh bien non ! Les 7 secondes ont en réalité servi de prétexte pour supprimer des postes et envoyer des collègues ailleurs, remplacer des anciens qui sont partis. Ainsi, au lieu de souffler, des ouvriers se retrouvent avec deux postes à faire en plus et la course est permanente. La charge de travail, l’épuisement sont doublés, voire triplés.

Pour les actionnaires, cela revient à faire faire autant de production ou presque, en payant bien moins de salaires. Bref, ils augmentent leurs profits avec notre sueur.