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Budget 2026 : la guerre sociale s’amplifie

Fin septembre, le gouvernement flamand présentait son budget 2026, avec 1,5 milliards d’euros pris sur le financement des emplois publics et des petites associations et par des hausses de taxes pesant sur les classes populaires. Par contre, il poursuit les cadeaux aux actionnaires. Il vient d’octroyer 70 millions à neuf entreprises dont TotalEnergies, sous couvert de « subsides pour la transition énergéti­que » !

Côté Région wallonne et Fédération Wallonie-Bruxelles, ce sont aussi de nouvelles mesures d’austérité dans tous les domaines utiles à la population, notamment la petite enfance. Ce sont deux heures de travail supplémentaires pour les professeurs du secondaire supérieur sans hausse de salaire, l’augmentation des prix des stages sportifs et des cours d’académie de musique, le gel de l’indexation des subventions culturelles… Les emplois d’éducateurs, de puéricultrices, d’enseignants subsidiés par le système APE (Aide à la Promotion de l’Emploi) sont fortement touchés avec 2.500 emplois menacés d’être supprimés. L’austérité s’aggrave. Pour 2026 ces coupes budgétaires atteignent 530 millions d’euros. En 2025, elles étaient déjà de 378 millions !

Le gouvernement fédéral voudrait imposer 10 milliards d’économies sur le dos des classes populaires. Pour le moment, il y a un désaccord entre N-VA et MR entre augmenter les impôts ou diminuer les dépenses… et, réalité ou pas, la coalition menace d’exploser. Bien sûr pour ces ministres, il n’est pas question de remettre en cause les plus de 52 milliards annuels de cadeaux au patronat, ni d’obliger les ultra-riches à payer les impôts auxquels ils sont théoriquement soumis !

Le problème de tous les partis dans les gouvernements, c’est que de telles mesures d’austérité vont mécontenter la majorité des électeurs et se payer aux prochaines élections. Alors chaque parti cherche à minimiser ses responsabilités… ce qui rend difficile les négociations des budgets.

Cela n’est pas propre à la Belgique ou au système des coalitions. La France bute sur le même problème et c’est la valse des gouvernements depuis plus d’un an.

Partout, la crise s’aggravant, les capitalistes cherchent à assurer leurs profits en s’attaquant aux salaires et en exigeant davantage d’argent public. Ils licencient d’un côté et de l’autre chargent les gouvernements d’imposer plus d’austérité aux travailleurs.

Et puis il y a les budgets militaires qui explosent, car les capitalistes en concurrence des différents continents envisagent froidement une fois de plus de se faire la guerre.

Ce que craignent aussi les gouvernements, c’est que ces mesures d’austérité déclenchent une riposte massive des travailleurs, comme en 1936 en France ou 60-61 en Belgique.

Ainsi la colère s’est vue lors de la manifestation importante du 14 octobre. Ce qui fait que les directions syndicales ont annoncé trois jours de grève les 24, 25 et 26 novembre, d’abord le 24 les transports publics, le 25 les services publics et seulement le 26 une grève interprofessionnelle. Est-ce le moyen de mobiliser ? Ou de diviser secteur par secteur comme la plupart du temps ? Les prochaines semaines le diront.

Mais en dénonçant principalement les mesures des gouvernements, en ne dénonçant pas directement le patronat et le capitalisme, les directions syndicales lient les mains dans le dos des travailleurs dans l’affrontement avec la bourgeoisie. Et une partie d’entre eux veulent limiter la mobilisation à un retour du Parti Socialiste au gouvernement lors des prochaines élections. En tentant de faire oublier qu’au gouvernement le PS a lui-même appliqué des mesures d’austérité. Bert Engelaar (secrétaire général de la FGTB) soutient Vooruit (ex-socialiste flamand) au gouvernement. Alors que Vooruit, comme les autres partis, accepte de faire partie d’une coalition qui veut faire payer la crise aux travailleurs.

La seule réponse à l’offensive capitaliste, c’est une riposte forte des travailleurs du public et du privé, des chômeurs et des retraités. Pour éviter l’appauvrissement, le chômage, et le recul des conditions de vies et de travail, il n’y a pas d’autre choix que d’engager une lutte pour prendre sur les profits, pour augmenter les salaires et les pensions, pour partager le travail entre tous et supprimer le chômage.

Quant à mettre fin aux guerres, il faudra pour cela que les travailleurs prennent le pouvoir eux-mêmes, à la place de la bourgeoisie. Utopique ? Ce qui est utopique, c’est de croire aux plans de paix des gouvernements impérialistes que ce soit pour l’Ukraine, le Congo ou le Moyen-Orient. Ou qu’on pourra échapper aux guerres que préparent les USA et dans lesquelles ils entraîneront toute la planète, comme contre le Venezuela peut-être demain et surtout la Chine après-demain.

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Amazon : IA, nouvelle excuse du capital

Alors que le groupe a réalisé 70 milliards de dollars de bénéfice l’an dernier et que sa valeur boursière atteint 3.000 milliards, dont 215 milliards détenus par le seul Jeff Bezos, Amazon a annoncé vouloir licencier environ 30.000 salariés, sans préciser dans quelle zone géographique.

Une première vague de 14.000 suppressions de postes administratifs a déjà été confirmée, soit environ 4 % des effectifs de ces services. Mais des documents internes consultés par la presse évoquent des plans de licenciements beaucoup plus larges, qui pourraient également toucher les livreurs. Dès l’annonce, les actionnaires se sont réjouis de l’intensification de l’exploitation et le cours boursier a grimpé de 10%.

Dans sa communication, Amazon affirme que ses investissements dans l’IA expliquent en partie cette décision. Mais l’intelligence artificielle a bon dos. Début 2023 (soit avant la vague actuelle d’IA) Amazon avait déjà licencié 27.000 salariés en deux mois.

Toute la richesse accumulée par Amazon provient de l’exploitation des prolétaires qui fabriquent les articles vendus à travers le monde, puis de celle des livreurs et des travailleurs des entrepôts. Les salaires de ces derniers sont si bas que dans plusieurs États américains, ces travailleurs doivent avoir recours aux bons alimentaires destinés aux plus pauvres. Et, lorsque cela ne suffit pas, Amazon n’hésite pas à jeter dehors des travailleurs par dizaines de milliers, augmentant ainsi la pression sur ceux qui restent.

Quant à l’intelligence artificielle, elle crée surtout de nombreux emplois de prolétaires appelés data-workers, chargés d’alimenter en données et d’entraîner les IA, payés au lance-pierre pour des semaines de 60 heures. Pour l’IA comme pour les autres technologies, l’enjeu pour le camp des travailleurs sera d’arracher ces moyens de production au contrôle des capitalistes et de les faire fonctionner dans l’intérêt de la majorité.