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Il faut se rassembler contre les licenciements !

De nouvelles annonces de suppressions d’emplois tombent chaque semaine comme un coup sur la tête de la classe ouvrière. Yara (Saint-Ghislain), 115 emplois, Umicore (Olen et Bruxelles), 100 emplois, Syensqo, 350 emplois, Agfa (Anvers), 500, et bien d’autres encore… C’est une guerre sociale que mènent les patrons, y compris des groupes capitalistes assis sur des milliards de profits, contre les salariés.
A Audi – Bruxelles, les actionnaires ne proposent que des indemnités de licenciement ridicules qui ne représentent même pas une année de salaire. Et aux travailleurs des entreprises sous-traitantes, qui appartien­nent pourtant en partie à des multimilliardaires, rien du tout n’est proposé.
Il est évident que les licenciements d’aujourd’hui, en comprimant le niveau de vie de la population, vont réduire la consommation et préparer d’autres licenciements demain. Le capitalisme et sa course à toujours plus de profits prépare le chômage de masse et le chaos dans la société.
Des dizaines de milliers de salariés du secteur privé ont ainsi perdu leur travail depuis le début de l’année. Et un nombre équivalent de travailleurs de l’État, ou dont le salaire dépend de subventions d’État, sont menacés également de perdre leur travail : contractuels de la Région wallonne, contrats APE dans les communes, les provinces, les maisons de repos, les hôpitaux, les services d’aides aux personnes…
Où retrouver un travail alors que les suppressions d’emplois sont partout ? Et le futur gouvernement veut limiter les indemnités de chômage à deux ans !
Il compte aussi supprimer ou limiter l’indexation des salaires. Les menaces sur les emplois et les salaires concernent toutes les catégories de travailleurs, personne ne peut se croire à l’abri.
Une mobilisation collective des travailleurs serait nécessaire pour faire reculer l’offensive patronale soutenue par les gouvernements.

Pourtant les réactions syndicales se font en ordre dispersé. 16 septembre, manifestation syndicale pour l’industrie à Bruxelles. 1er octobre, action syndicale du secteur du nettoyage, du gardiennage, de l’Horeca. 7 novembre, manifestation syndicale du secteur non-marchand. 14 novembre, action syndicale des fonctionnaires wallons. 26 novembre action syndicale de l’enseignement de la Communauté Wallonie-Bruxelles.
Cet éparpillement, cette dispersion volontaire de la force des salariés est choquante face à l’ampleur des attaques. Beaucoup de travailleurs le pensent. Chacun se sent impuissant face à plus fort que soi. Une organisation collective est nécessaire pour englober toutes celles et ceux qui sont menacés de perdre leur emploi.
Les travailleurs font tout fonctionner dans une économie à l’échelle mondiale. Ils utilisent les instruments de communication les plus modernes, ils transportent quotidiennement des millions de personnes et de marchandises par bateau, avion, train, camion. Ce sont eux aussi qui gèrent les comptes des entreprises, y compris des multinationales !
Les travailleurs ont entre leurs mains les moyens de s’organiser pour mettre en avant la défense de leurs intérêts, contre les capitalistes et leurs gouvernements, contre les licenciements, pour le partage du travail entre tous, pour des hausses de salaires et de pensions, en prenant sur les profits accumulés.
Mais dès que les travailleurs tentent de se défendre, les directions syndicales s’efforcent de les enfermer dans des catégories, par secteur, par entreprise. Pire encore, la division continue sur le lieu de travail entre embauchés et sous-traitants, CDI et CDD, fonctionnaires et contractuels. Les collègues qui doivent s’entraider tous les jours pendant le travail sont séparés et opposés dès qu’il s’agit de lutter pour leurs intérêts collectifs !
Les dirigeants syndicaux ne veulent pas mettre en cause le pouvoir de la classe capitaliste. Ils mettent le droit des actionnaires à faire du profit au-dessus du droit des travailleurs à avoir un salaire. Ils sont liés à des partis politiques qui défendent le capitalisme.
*Cette politique, cette division sont suicidaires pour les organisations syndicales. Mais les travailleurs ne peuvent accepter de se laisser entrainer dans ce suicide. Il en va de leur vie, et même de l’intérêt de toute la société et de son avenir.
Pour surmonter ces obstacles, les travailleurs conscients de la nécessité de défendre les intérêts collectifs des travailleurs doivent s’organiser dans un parti révolutionnaire qui donnera à la classe ouvrière une direction à la hauteur de la lutte nécessaire contre le capitalisme.

Actualités

Action syndicale dans la fonction publique wallonne

Le syndicat socialiste de la fonction publique, la CGSP, a lancé un appel à la mobilisation pour le 14 novembre aux agents du SPW et des organismes d’intérêt public, comme le Forem.

L’objectif était de protester contre la décision du gouvernement MR-Engagés de supprimer progressivement le statut de fonctionnaire, en refusant toute nouvelle nomination d’agent statutaire et en n’embauchant plus que des agents contractuels.

Cela vise l’ensemble des travailleurs de la fonction publique en Wallonie. La règle du non rempla­cement des départs (décès, maladie longue durée, départ de travailleurs vers un autre métier), appliquée par les gouvernements dirigés par le PS après le sauvetage des banques en 2008, va être ré-instaurée. Les premiers concernés sont donc les nombreux travailleurs contractuels en contrat de remplacement de fonctionnaires, qui vont se retrouver au chômage.

Exactement comme dans les autres secteurs, la suppression d’emplois des uns est une charge de travail qui retombe sur la tête de ceux qui conservent leurs emplois !

Mais la direction de la CGSP n’appelle pas à la défense de tous les emplois de la fonction publique, seulement à la défense du statut de fonctionnaire ! Pour tenter de se justifier, elle raconte des fables à dormir debout : le statut de fonctionnaire serait un pilier de la démocratie, une protection contre l’arbitraire du pouvoir et la corruption…

Pour rappel, la Belgique est elle aussi largement touchée par la corruption. Quant à l’arbitraire des ministres, où est le fonctionnaire qui aurait refusé, ne serait-ce qu’une seule fois, d’appliquer les ordres, même contraires aux lois ?

Entretenir une division entre statutaires et contractuels, c’est tomber dans le piège du gouvernement et affaiblir tous les travailleurs.

En réalité, les dirigeants de la CGSP ne défendent plus que leur appareil bureaucratique et pas les salariés.

Contrat APE : les intérimaires du secteur public

Le gouvernement wallon et de la Fédération Wallonie Bruxelles a décidé de ne pas indexer sur l’augmentation du coût de la vie, le budget qui finance les contrats APE.

Ces contrats « d’aides à la promotion de l’emploi » sont des subsides accordés aux employeurs du secteur non marchand mais également des pouvoirs locaux, tels que les communes et les provinces.

Selon les estimations de la fédération de ces employeurs, 38.000 travailleurs sur 65.000 en contrat APE risquent de subir les conséquences de cette décision en 2025.

Les employeurs peuvent, par exemple, terminer les contrats APE plus tôt dans l’année et envoyer ces travailleurs au chômage en reportant la charge de travail sur leurs collègues.

Non-marchand : une mobilisation réussie

Sur les quelque 330.000 travailleurs du secteur non-marchand en Belgique, 25.000 ont manifesté le 7 novembre dans les rues de Bruxelles. C’est près d’un sur dix. D’autres, retenus par le « service minimum », ont néanmoins refusé certains travaux pour marquer leur soutien à la mobilisation. C’est dire le niveau d’exaspération de ces travailleuses et travailleurs devant les menaces sur leurs emplois et la dégradation de leurs conditions de travail.

Dans ces secteurs, les femmes sont en moyenne deux fois plus nombreuses que les hommes. Infirmières, aide-soignantes, puéricultrices, éducatrices, kinés, animatrices cultu­relles, ils et elles sont excédées de ne pouvoir s’occuper correctement des êtres humains qui dépendent de leur travail. Laver une personne qui à l’âge d’être sa mère en moins de dix minutes, devoir choisir le malade que l’on doit sauver durant la garde de nuit, laisser livré à lui-même un enfant qui a besoin de soutien, c’est insupportable !

Beaucoup de collègues craquent ou finissent par changer de métier. La pénurie de personnel est le prétexte tout trouvé des directions pour exiger d’en faire toujours plus.

Ce 7 novembre, l’épuisement laisse place à la colère, mais aussi au sentiment de force d’être enfin ensemble avec les collègues ! La manifestation était composée de cortèges dynamiques, reprenant en chœur les slogans. Beaucoup ont confectionné leur propre pancarte pour exprimer leur indignation et réclamer les moyens nécessaires.

On ne peut que souhaiter que le mépris des dirigeants au service d’une société gouvernée par le fric leur explose au visage !