La FGTB a fait campagne appelant à faire du 8 mai un jour férié. D’accord pour un jour férié supplémentaire, mais pourquoi le 8 mai, jour de la victoire des Alliés sur l’Allemagne ? Ce serait, selon la FGTB, le jour de la « victoire sur le nazisme ». La victoire des démocraties ! C’est une réécriture de l’histoire !
C’est vouloir faire oublier que les dirigeants anglais et français comptaient que les armées nazis attaquent à l’Est, écrasent l’URSS et colonisent cette immense région et ses richesses.
C’est vouloir faire oublier les bombardements atomiques sur les civils japonais à Hiroshima et Nagasaki par l’armée américaine.
C’est vouloir faire oublier que les armées américaine et anglaise ont massivement bombardé les quartiers populaires en Allemagne dans lesquels beaucoup de gens n’avaient jamais été d’accord avec le régime nazi. Mais dont le tort est que beaucoup d’entre eux ne demandaient qu’à pouvoir lever la tête et en finir avec le système capitaliste qui avait engendré le nazisme. C’est justement de cet esprit révolutionnaire qui survivait encore dans la conscience ouvrière 27 ans après la révolution allemande de 1918, dont les dirigeants capitalistes avaient le plus peur.
Les capitalistes qui avaient profité de la guerre et fait leurs fortunes sous le régime nazi, pas plus que la plupart des hauts fonctionnaires, n’ont été visés par la « dénazification ». Les riches héritiers de ces familles bourgeoises sont encore là aujourd’hui, comme la famille Porsche-Piëch, actionnaire de VW.
La victoire militaire des armées alliées, y compris l’armée du régime stalinien, signifiait surtout le maintien à tout prix du système capitaliste. Leur complicité est allée jusqu’à l’abandon de l’insurrection des communistes grecs et leur écrasement par l’armée anglaise.
Aujourd’hui, de nouveau en crise, le capitalisme engendre les mêmes horreurs que dans la crise de l’époque : montée des nationalismes et de l’extrême-droite, armement rapide préparant la guerre, régimes de plus en plus autoritaires… la barbarie se développant aux quatre coins du monde.
Quant aux pays alliés, les bourgeoisies américaine, française, anglaise et même belge, y avaient utilisé le subterfuge de la lutte des « démocraties contre le nazisme » pour embrigader les populations dans la guerre. Mais quelle « démocratie » aux Etats-Unis pour les millions de Noirs américains privés des droits civiques ? Quelle « démocratie » de la France vis-à-vis de ses colonies et de la population algérienne que l’armée française bombarda dès 1945 ? Quelle démocratie pour la population congolaise soumise à la dictature de l’armée et des curés belges ?
Pour les bourgeoisies alliées, la guerre n’était pas une question de « démocratie », mais d’intérêts économiques à défendre contre la volonté d’expansion du capitalisme allemand.
Prétendre que les armées des pays capitalistes auraient vaincu le fascisme et le nazisme, c’est désarmer les travailleurs et les entraîner dans la prochaine guerre. Elle a déjà son « méchant », peut-être la Russie ou la Chine, ou les deux ? Mais ce sera à nouveau une guerre où les travailleurs de tous les pays mourront non pas pour la liberté ou la démocratie, mais pour les intérêts des industriels !
La seule chose à opposer au fascisme menaçant, c’est la lutte de tous les travailleurs ensemble pour leurs intérêts communs et la conscience que pour sortir de la barbarie, il faut se donner les moyens de renverser le capitalisme !