Ces mots, tirés du chant « L’Internationale », s’appliquent parfaitement à « la Loi anti-casseurs » contre laquelle plusieurs milliers de délégués syndicaux et de travailleurs ont manifesté à Bruxelles le 5 octobre.
Cette loi, si elle est adoptée, permettrait à un juge d’interdire à une personne de manifester pour 3 ans si elle a déjà été condamnée pour des actes de “violence” dans des manifestations. La rédaction qui a circulé est tellement vague que l’interdiction de manifester pourrait s’étendre à la plupart des manifestants !
Le ministre Van Quickenborne, l’auteur de ce projet de loi, affirme bien sûr qu’elle n’est pas dirigée contre le droit de grève ou de manifester, mais seulement contre « les casseurs ». Les ministres promettent, rassurent, mais les juges ont le dernier mot… et ils ne sont généralement pas du côté des travailleurs !
Dans le conflit chez Delhaize, le tribunal de première instance de Bruxelles a interdit les piquets de grève -pourtant non-violents- dans tout le pays pour une durée de un mois, en avril dernier. D’autres juges ont suivi et rendu des ordonnances pour que la police chasse des travailleurs grévistes qui voulaient s’adresser à leurs collègues ou à des clients. Au diable le droit à la liberté de s’organiser et de s’exprimer, soi-disant garanti par la Constitution ! Les juges, qui dans la majorité viennent de familles bourgeoises, comme les ministres, comme les hauts gradés de la police, ne sont pas neutres dans un conflit entre patrons et salariés.
Alors, les assurances hypocrites de Van Quickenborne, et le silence honteux du PS, ne doivent tromper personne. Mais même les lois injustes, et les violences policières, n’empêcheront pas les travailleurs d’apprendre à s’organiser pour défendre leurs intérêts.