Le marché juteux des prisons surpeuplées

Mais tout cela réclame non seulement des budgets, mais que ces budgets soient utilisés de manière utile à la population ! Or, c’est tout l’inverse de la politique de l’État belge !

En effet, depuis des décennies les gouvernements affirment que la construction de nouvelles prisons est le meilleur moyen de remédier à la surpopulation carcérale. C’est plutôt en réalité un excellent moyen d’offrir de juteux marchés à de grandes entreprises de la construction !

Depuis 2008, les projets de constructions de nouvelles prisons se sont multipliés sous la formule du « partenariat public-privé » en faisant ainsi un grand pas dans la direction de la privatisation des prisons.

Concrètement, ce sont aujourd’hui, des sociétés privées réunies en consortiums de grande taille, choisis dans la plus grande opacité par des politiciens, qui s’occupent non seulement de la conception architecturale, de la construction, du financement, mais également de la maintenance de ces nouvelles prisons. En échange, l’État s’engage pour plusieurs dizaines d’années à rémunérer le consortium avec l’argent public. À la fin du contrat, l’État devient propriétaire de la prison.

Ainsi, pour les consortiums comme « Eiffage » ou « Invesis », les prisons deviennent de véritables poules aux œufs d’or. Pour la seule prison de Marche-en-Famenne, le consortium Eiffage touche plus de 12 millions d’euros par an ! Cela veut dire qu’Eiffage, qui avait investi 83 millions d’euros dans la prison, aura reçu de l’État plus de 300 millions d’euros à la fin des 25 ans de contrat !

Dans la société capitaliste, la délinquance et les comportements antisociaux sont dans la grande majorité les fruits pourris de l’exploitation capitaliste et des atteintes à la propriété.

Quand ils sont le fait de riches bourgeois, la Justice et l’État ne manquent pas de larmes pour pleurer et demander des réductions ou des adaptations de peines, quand ils ne ferment pas tout simplement les yeux.

Quand les infractions sont le fait de pauvres et de petits délinquants, les ministres et les magistrats sont trop remplis de mépris pour laisser échapper l’occasion d’enfermer de pauvres diables en prison, dans les pires conditions, aux plus grands profits de capitalistes, et aux frais des contribuables.