Prisons surpeuplées, maltraitance et récidive

Les prisons belges sont surpeuplées. À la prison de Lantin par exemple, près de 849 personnes sont entassées pour 694 places. Au niveau du pays, il y a en moyenne 110 prisonniers pour 100 places. Et cette situation va encore empirer.

Une nouvelle loi entre en vigueur pour forcer l’application des « petites peines » de 2 à 3 ans d’emprisonnement, qui étaient jusqu’alors généralement exécutée avec un bracelet électronique. Et de plus en plus de malades se retrouvent en prison au lieu d’être soignés dans des hôpitaux psychiatriques dont les places se réduisent.

La surpopulation des prisons provoque des conditions de vie inhumaines et dégradantes pour les prisonniers et des situations impossibles pour les travailleurs des prisons : tensions entre détenus, promiscuité, manque d’intimité, d’hygiène, déclin de la santé des détenus, manque de suivi par les médecins, assistants sociaux et psychologues, difficultés d’organisation des visites familiales, des activités et formations, nombre de douches réduites, pose de matelas par terre, voire absence de matelas, manque de serviettes de bains, d’oreillers, de sous-vêtements, de pantalons ou de chaussures en bon état…

En Belgique, près de 1 personne sur 1000 est emprisonnée. Et ce chiffre augmente encore dans les classes populaires, car comme le rappelle la section belge de l’Observatoire international des prisons, « La prison est avant tout une institution pour pauvres », les plus riches étant moins sanctionnés.

Au 19ème siècle déjà, Karl Marx parlait de « justice de classe ». Il faut par exemple se souvenir du cas des meurtriers de Sanda Dia, ce fils d’ouvrier, qui a été tué lors d’un bizutage étudiant en 2018, et dont les tortionnaires, tous issus des familles dorées, ont été acquittés ou n’ont été condamnés qu’à quelques centaines d’heures de travaux d’intérêt général !

La surpopulation en prison augmente aussi la récidive des petits délinquants : trop de détenus, c’est moins de possibilités d’accompagnement, moins d’aide à la réinsertion et finalement plus de risque de retomber dans la délinquance. Contrairement à la Belgique, qui dorénavant privilégie l’application des petites peines, les Pays-Bas, ont fait le choix depuis une quinzaine d’années, de permettre au procureur d’opter pour une sanction « sans prison » avec une baisse de la récidive.

En plus des exemples comme celui des Pays-Bas, c’est l’expérience des associations et des travailleurs des prisons qui montre qu’il est souvent préférable d’employer d’autres moyens que l’emprisonnement pour lutter contre les comportements antisociaux. Et lorsqu’il y a emprisonnement, il est dans l’intérêt public d’assurer aux détenus des conditions de vie et un accompagnement qui leur permettent de sortir de la délinquance. Sans quoi, la prison devient « l’école du crime ».