En décembre dernier, La Chambre avait voté à l’unanimité un “fonds des blouses blanches” de 400 millions d’euros pour 2020 et de 67 millions d’euros à débloquer directement. Cela a été décidé sous la pression de la mobilisation du personnel de la santé, qui dénonçait les conditions de travail qui mettent en danger le personnel et les patients et, réclamait des embauches et une augmentation des salaires.
Ce “fonds des blouses blanches” avait fait beaucoup de bruit et a été relayé par certains comme une “victoire”, mais le personnel de la santé n’en a pas encore vu la couleur ! Et ceux qui étaient mobilisés étaient bien conscients que non seulement, ces montants étaient ridicules par rapport à ce qu’il faudrait vraiment, mais qu’il y a loin des paroles aux actes, surtout quand l’argent promis serait mis dans les mains des patrons des hôpitaux.
Jeudi 19 mars, au JT de la RTBF, des dirigeants syndicaux ont proposé au gouvernement de “disposer du budget 2020 des 400 millions d’euros du “fonds blouses blanches” (…) afin de prendre toutes les initiatives nécessaires pour renforcer et soutenir l’ensemble du personnel de la santé devant cette période difficile…” Ils demandent notamment du renfort, le maintien des salaires de ceux qui seraient mis au chômage temporaire, et l’accompagnement social…
Oui, ce serait la moindre des choses, sauf que ces dirigeants syndicaux ne le présentent pas comme des revendications, mais comme une proposition au gouvernement de disposer des 400 millions d’euros promis au personnel de la santé. Un don par lequel ils apporteraient “leur pierre à l’édifice”.
Le ridicule ne tue pas ces dirigeants syndicaux qui donnent de l’argent qui ne leur appartient pas… et dont ils ne disposent pas non plus. Mais plus grave est le fait qu’ils appellent ainsi les travailleurs à faire confiance à ce gouvernement qui déclarait pas plus tard qu’en janvier qu’il fallait réduire les surcapacités de lits dans les hôpitaux ! Un gouvernement qui est en train de mettre en œuvre un gigantesque plan de regroupement d’hôpitaux dans le but de faire des économies sur le dos du personnel et des patients. Un gouvernement qui a ouvert toutes les portes du secteur de la santé aux profits privés !
Aucune confiance dans ces gouvernements !
Les travailleurs de la santé ont bien raison de se méfier de ces dirigeants qui décident par-dessus leurs têtes, car il n’y a aucune raison d’accorder une quelconque confiance au gouvernement et aux patrons ! Le climat d’unité nationale où “tout le pays est derrière le personnel des hôpitaux” qualifié de “soldats du front” est un leurre. Ce sera comme dans toutes les guerres : il y a les soldats qui crèvent au front, et il y a les planqués à l’arrière, ceux qui continuent d’amasser les profits, même en temps de guerre, quand il faut enjamber des cadavres pour cela.
C’est parce qu’ils sont au service des capitalistes que les gouvernements sont toujours prompts à trouver des milliards pour soutenir les profits des grandes entreprises et des banques. Dans leur système, les médicaments sont un moyen de faire des profits et de même les hôpitaux.
Le gouvernement accorde 1 milliards aux hôpitaux pour faire face à la situation d’urgence ? Mais qui va en bénéficier ? Le personnel hospitalier ou les traders de matériel médical ?
En fait, la crise sanitaire actuelle pose de façon aiguë le contrôle sur le budget de la santé et des hôpitaux, ainsi que sur les moyens de produire les médicaments et les appareils médicaux. Pour garantir que la santé et le bien-être de tous soient vraiment pris en compte, ce sont les travailleurs, et non les capitalistes, qui doivent décider collectivement comment doit fonctionner l’économie. Car c’est sur les travailleurs que repose tout le fonctionnement de la société, dans tous les secteurs, d’autant plus en cette période de crise sanitaire : depuis l’approvisionnement des magasins, en passant par le ramassage des poubelles et le nettoyage des rues, et bien sûr le maintien des centrales électriques, la circulation des trains et des bus, leur désinfection régulière, etc.
Oui, les travailleurs sont obligés de lutter contre deux maladies graves en même temps : le Coronavirus et le capitalovirus ! Et si, contre le premier, le frein à la pandémie recommande d’éviter au maximum les regroupements, pour le deuxième, il faut se préparer à arracher la direction de la société des mains des capitalistes. Car vraiment, il est temps de débarrasser l’humanité de la maladie mortelle du capitalisme !