Enseignement : personnel ouvrier menacé

Le personnel ouvrier des écoles de la Fédération Wallonie Bruxelles avait été appelé à la grève et à des actions le 9 juin afin de contester des mesures qui vont affecter leurs conditions de travail et leurs salaires. Des dizaines d’emplois ouvriers sont menacés.

En effet, un projet de décret prévoit que les salaires ouvriers soient à l’avenir payés par les écoles et non plus par le réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), tandis que les dotations aux écoles seraient diminuées de 3 millions par an pendant 10 ans ! Il y a donc bien de quoi s’inquiéter.

Les fonds propres des écoles sont en constante diminution. C’est ainsi que de nombreuses économies pèsent déjà sur le fonctionnement général : lenteur à ré-approvisionner des stocks aussi basiques que les craies, le papier-toilette, l’encre d’ordinateur – et ça quand les photocopies ne sont pas entièrement payées par les élèves en début d’année ; diminution ou suppression des remboursements de transport pour les sorties scolaires ; ergotage au centime près pour le simple achat de livres didactiques ou de cartes géographiques à afficher aux murs… Des économies de bouts de chandelles qui minent la bonne organisation matérielle des écoles.

Ajouter le payement des salaires ouvriers sans augmenter les dotations aux écoles ne parait tout simplement pas possible. Dans une école bruxelloise, un ouvrier faisait le compte que sur les 11 emplois exigés par les normes d’hygiène, seulement 5 étaient pourvus dans son école. Quand on lit que la Fondation Roi Baudouin a dégagé un budget pour sa mission «Ne tournons pas autour du pot» parce que les enfants souffrent de trop se retenir d’aller aux toilettes à cause de la saleté, il est clair que le sous-effectif est déjà la norme en FWB.

Les écoles ont déjà supprimé les cantines dans de nombreux établissements. Dans le réseau des écoles de la Ville de Bruxelles, la privatisation du personnel ouvrier est à l’ordre du jour. Comme le dénonçait une directrice d’école maternelle et primaire d’Anvers, où l’entretien a été privatisé il y a plus de 20 ans déjà, c’est n’est pas seulement que le travail est moins bien fait par manque de personnel, c’est aussi une grande perte humaine pour les enfants : les ouvrières et ouvriers qui leur sont familiers, qui mouchent le nez en passant dans le couloir, font des sourires et connaissent les prénoms, toutes ces mini-attentions qui font de l’école un lieu de vie bienveillant disparaissent.

Les maux de dos, d’épaules, de mains et de bras, sont la plaie des ouvriers d’entretien : la charge de travail est déjà trop lourde. Les fins de carrière consistent déjà en allers-retours pour maladie ou pour faire des infiltrations. Et les fins de carrières commencent tôt. Du côté des salaires, c’est comme partout dans le monde ouvrier : ça ne suffit pas. La mise sur fonds propres ne peut qu’empirer cette situation.

Les personnels administratif, enseignant, les surveillants de garderie, c’est tous ensemble que les travailleurs pourraient écrire un cahier de charges complet pour revendiquer des conditions de travail dignes, dignes de leur tâche essentielle dans la société : éduquer et instruire les enfants et la jeunesse.

Quand la colère se manifestera, il faudra s’en souvenir : on ne peut pas gagner par des mobilisations métier par métier, dans le carcan des sections syndicales. Il faudra se mettre tous ensemble et discuter des budgets de l’État : où va l’argent, à quoi il sert, quels sont les besoins et comment construire un rapport de force pour obtenir ce dont la collectivité a besoin.