Dans un abattoir, un ouvrier raconte … la tête haute !

La journée de travail est de 4h à 15h. En tout, ça fait 9h30 de travail par tranches de 2h30, quand on n’a pas d’heures sup’. Entre temps, on a 3 pauses de 30 minutes que l’on passe dans une pièce qui n’a que table, chaises et micro-onde. Disons que c’est moins confortable que la cuisine full-équipée des chefs, derrière leur baie vitrée.

Le travail de la viande se fait à la main et au couteau, qu’il faut en permanence affiler, et la pression du travail à la tâche est forte à cause du sous-effectif des équipes. Autant de conditions de travail qui expliquent que les troubles musculo-squelettiques sont nombreux et que les désosseurs ne font pas de vieux os.

Pour manipuler de la viande, on travaille toute la journée autour de 3°C. Autant dire que pour le patron ce n’est pas un prétexte pour offrir le café.. mais plutôt pour qu’on doive bien “se bouger les fesses” et ne pas se refroidir.

On n’est pas assez nombreux pour avoir un syndicat dans l’entreprise, mais cela ne nous a pas empêchés, il y a quelques mois, de débrayer pour les salaires que le patron n’avait pas indexés.

Comme tous les collègues ne parlent pas la même langue, un ouvrier faisait la traduction pour que l’on puisse discuter tous ensemble de nos revendications. Il a même fallu que le chef appelle son supérieur dans le groupe. Le pauvre… on l’a dérangé pendant ses vacances !

Après s’être bien moqués de nous en envoyant un expert comptable nous expliquer comment gérer notre paye correctement, ils ont indexé les salaires. Depuis, toutes les deux semaines, un employé des bureaux descend mesurer la tension dans l’atelier et éviter que ça se reproduise.