Delhaize

L’illusion de la concertation sociale

Sans surprise, la dernière rencontre entre les syndicats et la direction de Delhaize a terminé en impasse totale. La direction ne veut rien entendre, et le conciliateur mandaté par le ministre Dermagne n’y peut rien. Il n’y a aujourd’hui plus que les directions syndicales qui s’accrochent encore à la “concertation sociale”. 

Depuis des années, le patronat multiplie les attaques et accorde parfois quelques “concessions” après avoir “négocié” avec les syndicats. Cela leur permet d’entretenir l’illusion que c’est en menant quelques actions et en discutant avec le patronat qu’on instaure un rapport de force. Mais au final, de recul en recul, cela a un effet terriblement démoralisant.

C’est ce qui s’est passé en 2014 :la direction de Delhaize a finalement “accepté de supprimer seulement 1800 postes” au lieu des 2.500 annoncés au départ. 

Mais avec la franchisation, la direction de Delhaize ne veut plus  jouer cette comédie La crise et l’aggravation de la concurrence dans la grande distribution poussent les capitalistes à ne plus rien céder. L’intransigeance du patronat convaincra les travailleurs de ne plus rien attendre de la concertation, et à dépasser le cadre actuel des mobilisations en instaurant un véritable rapport de force à l’échelle de toute la société.

Justice de classe

Après le gouvernement qui laisse les mains libres à Delhaize, la justice révèle son vrai visage. À la demande de Delhaize, le tribunal de première instance de Bruxelles a interdit les piquets de grève devant les magasins, malgré le recours des syndicats. Cela a permis à Delhaize d’envoyer des huissiers encadrés de policiers pour intimider les employées en grève et les menacer d’une amende de 500€ s’ils ne levaient pas le piquet. Au Delhaize de Mons, c’est carrément une syndicaliste qui a été menottée et embarquée par la police car elle aurait mis trop de temps à montrer sa carte d’identité. 

La police, présente en masse devant les locaux de Delhaize à chaque mobilisation, la justice et même tout l’appareil d’État, nous rappellent par là qui ils servent vraiment: la défense inconditionnelle du patronat ! 

Tout cela n’a pas empêché certains grévistes déterminés de reprendre le piquet aussitôt  que l’huissier s’est éloigné de quelques mètres. 

Les actionnaires refusent d’entendre 

L’assemblée générale des actionnaires d’Ahold Delhaize a été plutôt agitée. Des militants syndicaux étaient venus pour “donner un visage aux travailleurs de Delhaize” et tenter d’influencer leurs décisions. Grave illusion, la franchisation des magasins n’a même pas été évoquée lors des débats. 

À l’intérieur de l’Assemblée générale, autre illusion ! Des activistes climat avaient acheté des actions pour tenter de sensibiliser les actionnaires à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pas de quoi perturber les actionnaires, le micro leur a simplement été coupé chaque fois qu’ils essayaient de prendre la parole. 

Les actionnaires ont par contre été fort attentif aux perspectives de dividendes en hausse présentées par la direction. 

Arbitraire police-patronat

Mercredi 19 avril, au piquet de grève du Delhaize, chaussée du Roeulx à Mons, une responsable syndicale de la CNE a été arrêtée, menottée et embarquée par la police ! Elle avait juste tardé à s’identifier devant l’huissier envoyé par la direction ! 

Le directeur a ensuite tenté d’ouvrir le magasin avec du personnel étudiant, mais sans grand succès. Les travailleurs, choqués par les méthodes de la direction, ont refusé de reprendre le travail, et la plupart des clients ont respecté leur piquet, pourtant déplacé vers la chaussée, à une centaine de mètres du magasin. Piteux, le directeur a dû se résoudre à fermer !

Les mensonges ne passent pas !

Sur le piquet, les employées commentent les messages hypocrites du CEO de Delhaize « tous les collaborateurs gardent leur emploi, leur condition salariale et de travail actuelles ». « Il nous prend pour des imbéciles !  Les assistants de la Direction nous avouent les méthodes utilisées pour faire craquer les collègues qu’ils veulent pousser vers la sortie. » 

Des affichettes-témoignages de grévistes ayant travaillé dans un AD (franchisé Delhaize) expriment en terme cru l’exploitation qu’elles y ont subie. « Pas question d’y retourner ! ».