Delhaize – Les leçons des mobilisations de 2014

En 2014 déjà, dès l’annonce des 2 500 licenciements et de la fermeture de 14 magasins, de nombreux travailleurs avaient débrayé, et une trentaine de magasins s’étaient retrouvés en grève sans mot d’ordre des syndicats. 

Assez vite, les directions syndicales avaient appelé à arrêter la grève pour tenter d’entreprendre des négociations avec la direction. Elles avaient notamment lancé une pétition pour soutenir les “Delhaiziens”. Bien que Cora avait annoncé 447 licenciements un mois seulement après l’annonce de Delhaize, aucune action commune n’avait été entreprise par les syndicats. 

Pendant plusieurs mois, les jours de grève s’étaient enchaînés ponctuellement, parfois à l’appel des syndicats, et parfois à l’initiative des travailleurs, au rythme des “négociations” (ou plutôt des refus de céder quoi que ce soit de la part de la direction). 

Aucun plan de grève plus ambitieux n’avait été proposé par les directions syndicales. C’est seulement à l’approche des fêtes de fin d’année, 6 mois après l’annonce des licenciements, que la direction proposa un accord pour obtenir une trêve pendant les fêtes. Les directions syndicales s’empressèrent d’accepter l’accord et de le faire voter par les grévistes. Pourtant, pendant ces mêmes négociations, 18 magasins étaient entrés en grève spontanée, montrant la détermination du personnel à poursuivre la mobilisation. 

Finalement, l’accord passé par les syndicats diminuait le nombre de licenciement à 1 800, le nombre de magasins fermés à 10, mais acceptait en compensation un gel des salaires sur 5 ans, la suppression d’un jour de congé d’ancienneté, et la diminution de 90 € des salaires des nouveaux embauchés. 

Une victoire bien amère après des mois de mobilisations. Surtout que, comme les syndicats le reconnaissaient eux-mêmes à l’époque, “l’effet d’annonce [de la direction] est toujours un peu amplifié pour laisser de la marge”.