Le gouvernement s’apprête à signer un accord, avec l’aval du Parlement, qui le lie à Engie pour la prolongation des centrales nucléaires. Au terme de cet accord, le gouvernement accepte de limiter la responsabilité d’Engie dans le coût du traitement des déchets radioactifs à 15 milliards €. Le montant total du coût de ce traitement pourrait cependant « être beaucoup plus important » d’après le journal patronal l’Écho, d’autant plus que tous les coûts sont en hausse… Ce sera donc le contribuable qui paiera la différence.
Le gouvernement fédéral créera un fonds spécial, Herdera, qui aura pour mission de gérer ces 15 milliards pour tenter de produire suffisamment d’intérêts pour couvrir les coûts supplémentaires. Herdera investira peut-être cet argent dans des actions Engie ? Ou à BNP Paribas, dans des projets d’exploitation du charbon, comme au Botswana ? En tout cas, l’argent retournera immédiatement aux capitalistes…
Pour ce qui est du financement des coûts de la prolongation des centrales de Doel 4 et Tihange 3, estimés à 2 milliards au minimum, le gouvernement crée également une structure commune avec Electrabel, NuclearSub. Electrabel, qui détient 90% des centrales nucléaires, en cédera 40% à l’état « à un prix à déterminer ». Autant faire un chèque en blanc à Engie-Electrabel.
L’État s’engage, en outre, à garantir un rendement de 7% sur les capitaux investis par Electrabel, ainsi qu’une marge opérationnelle de 16,5% pour la gestion des centrales nucléaires. Cette marge, très élevée, est attendue sous prétexte des prix élevés actuels de l’énergie. Si les prix de l’énergie baissent, l’État risque de payer plusieurs milliards à Electrabel pour assurer les 16,5%…
Tout cela sans oublier que, désormais, l’État, propriétaire de 50% des centrales nucléaires, devra assumer au moins la moitié du coût de leur démantèlement… Les journalistes, qui analysent ce projet d’accord, constatent que ce texte « touffu » présente de nombreux détails sujets à interprétations, soit autant de portes ouvertes à de nouvelles « négociations » pour inciter l’État à mettre encore la main au portefeuille… c’est-à-dire faire payer la population !
Il est frappant de constater, dans le deal entre Engie et le gouvernement, à quel point les capitalistes sont incapables de gérer cette technologie sur le long terme, comment ils cherchent à en transférer les coûts sur l’État, tout en lui demandant de garantir leurs profits.