La firme Pfizer a averti le gouvernement qu’elle
baisserait ses livraisons à la Belgique puisqu’il est possible
d’obtenir 6 doses par flacon, au lieu de 5 comme
prévu par la notice du fabricant. Pfizer livrera donc des
milliers de doses en moins, en continuant à facturer le
même montant total. Mais cette décision a également
des conséquences sur la campagne de vaccination du
personnel hospitalier, qui doit être reportée de plusieurs
semaines. Les stocks disponibles sont désormais
réservés à la deuxième injection pour le personnel et
les résidents des maisons de repos.
En fait, les retards de livraison concernent toute
l’Europe. Les laboratoires se sont empressés de prendre
les commandes et d’encaisser l’argent mais, pour
construire des lignes de production et embaucher, ils
sont nettement moins rapides et efficaces !
Et pourquoi se presseraient-ils, quand le rationnement
fait monter les enchères et leur permet de négocier
plus cher les prochaines commandes ? Après la
guerre des masques, une guerre des vaccins, avec une
surenchère des États, ne serait certainement pas pour
leur déplaire.
L’obstacle auquel se heurte désormais la campagne
de vaccination est celui de la concurrence et de la propriété
privée. Pfizer et Moderna, les seuls à avoir un
vaccin homologué en Europe, n’ont pas les capacités de
production suffisantes. De leur côté, Sanofi, Merck ou
GSK possèdent ces moyens de production, mais ils
n’ont pas encore leur propre vaccin.
Le bon sens et l’intérêt collectif voudraient que ces
laboratoires travaillent ensemble et qu’ils mettent en
commun brevets et moyens de production, pour produire
au plus vite et massivement les vaccins susceptibles
de sauver des vies. D’autant que les besoins sont
immenses : pour le continent africain, seules quelques
dizaines de personnes sont vaccinées ! Les responsables
de l’Organisation Mondiale de la Santé dénoncent
en vain l’abandon des pays pauvres à la pandémie.
Aucune autorité ne veut obliger les capitalistes à produire
pour ces marchés non solvables. Et même pour
les pays qui ont les moyens de payer, le règne de la
concurrence et du profit va coûter cher en vies humaines
!
Les scientifiques ont mené une véritable course
contre la montre et ils ont réalisé, en dix mois, ce qui
prend habituellement plusieurs années. Maintenant,
un temps précieux va être perdu à cause des calculs de
rentabilité des uns et des autres. La propriété privée, la
loi du profit et la concurrence sont les causes de ce
gâchis.
On vérifie, une fois de plus, que ce sont les groupes
capitalistes, leurs actionnaires, qui détiennent le véritable
pouvoir.
Les États ont leurs plans de vaccination, mais les
multinationales pharmaceutiques ont le dernier mot en
fixant leurs prix, leurs délais et leurs volumes. Les gouvernements
leur demandent poliment d’accélérer les
cadences mais, en bons défenseurs de la propriété privée,
ils s’inclinent devant les choix des laboratoires
pharmaceutiques. Ceux-ci imposent leur diktat en vertu
de la sacro-sainte propriété privée. Mais d’où viennent
ces capitaux privés, sinon de l’exploitation des travailleurs
? Et quelle part de ces capitaux provient du pillage
de l’argent public ?
Le domaine de la santé est un de ceux que les États
subventionnent le plus. Combien les gouvernements
ont-ils dépensé pour aider la recherche sur les vaccins ?
Combien ont-ils avancé pour qu’ils soient développés ?
Combien de subventions les usines de production encaisseront-
elles ? On n’arrive même pas à le savoir,
parce que toutes ces informations sont tenues secrètes.
Ce qui est exclusivement privé, ce sont les profits et
les dividendes. Et cette crise sanitaire est le gros lot
pour les laboratoires. On le voit aussi avec les tests PCR
: ils sont facturés 50 euros en Allemagne et en Belgique,
30 à 40 euros en Espagne… et plus de 73 euros
en France. Pourquoi ces différences ? Quel est leur coût
de production ? Une chose est sûre : les caisses des
sécurité sociales déboursent des milliards et la facture
sera présentée à la population, au plus grand bonheur
des laboratoires.
L’opacité des contrats et des prix, la rapacité des
trusts pharmaceutiques, les difficultés de production et
de livraison illustrent les tares du capitalisme. Il n’y
aura rien de collectif et de constructif dans cette société
tant que domineront la propriété privée des grands
moyens de production, les lois du marché et la concurrence.
Il faut les combattre parce qu’elles représentent
un incroyable gâchis. Imposer la suppression des brevets
et du secret commercial, imposer le contrôle ouvrier
sur la production et l’expropriation des grands
groupes capitalistes, c’est une nécessité pour tous !