Les travailleurs de FedEx défendent leur peau

Les travailleurs de FedEx ont été nombreux à participer aux piquets de grève devant l’aéroport de Liège, pour protester contre l’annonce de 671 licenciements. Les 861 autres membres du personnel se voient laisser le choix entre “accepter” un nouveau contrat de travail pour encore plus de flexibilité au niveau des horaires et du nombre d’heures de travail, ou négocier leur départ de l’entreprise !

La flexibilité qui est imposée aux travailleurs de FedEx est pourtant déjà très élevée. Beaucoup sont en régime de nuit pour seulement 30h de travail par semaine et donc des petits salaires. Les conditions de travail sont difficiles, on travaille souvent à genoux pour se passer des colis pouvant peser jusqu’à 60 kg et remplir les soutes d’avions au plus vite. Beaucoup témoignent qu’après 10, 15 voire 20 ans de travail à ce rythme, on est « cassé de partout ». Le piquet de grève a donné l’occasion aux travailleurs de se retrouver, de se parler et de discuter de leurs problèmes communs, car même après des années dans l’entreprise, on connaît peu ses collègues, séparés d’eux par des horaires décalés et la pression pour aller toujours plus vite.

Les travailleurs sont d’autant plus écœurés de ces licenciements qu’ils interviennent juste après une longue période de surcroît de travail durant le début de la pandémie et où les travailleurs se sont donnés sans compter.

La direction de FedEx proteste contre la présence des piquets… au nom des précautions sanitaires. Elle annonce que 14 des travailleurs de l’entreprise seraient positifs au Covid. C’est curieux, la veille encore de l’annonce des licenciements, la direction n’avait aucun cas à signaler. Quant aux précautions sanitaires, pour la direction, elles passent toujours après les objectifs de production…

A l’annonce du géant du transport de fret, le gouvernement wallon s’est empressé de proposer ses services pour discuter avec la multinationale. Ce sera l’occasion pour les négociateurs patronaux d’arracher encore de nouveaux subsides, mais pour les travailleurs ? Ceux-ci l’expriment clairement : il faut défendre les emplois, car que faire d’une prime alors que chacun sait qu’il sera difficile de retrouver un travail ?

Les travailleurs ont mille fois raison de réclamer la défense des emplois. Les patrons de FeDEx ont largement de quoi les maintenir, quelque soit leur réorganisation des Hub et autres plateformes. Les bénéfices de FedEx ont explosé en 2020 ; 1,28 milliards $ (1,05 milliards d’euros), une augmentation de 50 % par rapport à l’année passée ! De quoi payer les salaires annuels de 36 000 travailleurs, charges comprises.

Alors maintenir les emplois et les salaires ne risque pas de mettre les actionnaires dans une file de colis alimentaires !

FedEx : un exemple de la concentration des entreprises capitalistes.

Pour devenir leader mondial du fret aérien, FedEx a appliqué une méthode simple : racheter ses concurrents. Comme par exemple en 2016 l’entreprise TNT, propriétaire du site de Liège où travaillent 1500 travailleurs. Mais TNT s’était lui-même développé de la même façon. En 37 ans, TNT avait avalé pas moins de 17 groupes spécialisés dans la logistique et le fret aérien en Europe, en Amérique latine, en Inde et en Chine. FedEx n’a fait qu’achever ce processus de concentration des entreprises du secteur. Aujourd’hui, cette multinationale emploie 200 000 travailleurs dans 220 pays et gère la deuxième flotte aérienne mondiale. Ses actionnaires sont des fonds financiers qui, comme BlackRock ou Vanguard Group, gèrent des fonds d’investissement de plusieurs milliers de milliards de dollars. Derrière ces chiffres, derrière ces rachats d’entreprises concurrentes, il y a des travailleurs pressurés jusqu’au limites de leurs résistances puis jetés comme des consommables. Mais aujourd’hui, ils sont 200 000 à avoir le même exploiteur et les mêmes raisons de se révolter.