« 2020 : une année incroyable ! » titre la presse financière : la fortune des 20 personnes les plus riches de la planète a augmenté de 62% ! Parmi eux, un nouveau venu : Stéphane Bancel, le propriétaire du groupe pharmaceutique qui commercialise le vaccin Moderna…
Des milliers de gens continuent à mourir chaque semaine à travers le monde, des millions de gens ont perdu ou risquent de perdre leur travail, le personnel hospitalier preste 60 heures semaine, on bricole une vaccination avec des plateformes et des centres d’appels débordés… Mais l’argent ruisselle sur les milliardaires ! D’où vient-il ?
Pour une large part, des plans d’aides gouvernementaux. En plus des 1 900 milliards $ déjà promis, le gouvernement américain de Joe Biden annonce un nouveau plan de dépenses fédérales de 3 000 milliards $. Et l’Europe n’est pas en reste en annonçant en décembre dernier un plan d’aides aux entreprises de 1 824 milliards €. Ces plans alimentent et financent même une spéculation qui fait gonfler la fortune des Bezos, Musk, Gates et bien d’autres.
Mais tout repose en définitive sur une exploitation accrue des travailleurs, dans les usines, les entrepôts, les bureaux, les transports… par un travail plus intensif, des contrats plus précaires, et toujours plus de licenciements. Des licenciements dans l’industrie, mais aussi dans les maisons de repos, comme pour les travailleurs du home Sebrechts à Molenbeek. Ce home appartient au groupe privé Armonea, dont les actionnaires, comme les de Spoelberch et les de Mevius, figurent parmi les plus grandes fortunes de Belgique. Oui, dans la fortune de ces gens-là, il y a le bilan des décès des pensionnaires aggravé par le manque de moyens, il y a le dévouement des aides-soignantes livrées à elles-mêmes au début de la pandémie puis jetées au chômage ensuite pour préserver la sacro-sainte rentabilité.
Les malades, les infirmières, les enseignants et les étudiants, les conducteurs des transports en commun ne bénéficient pas de plans de relance. Pour faire de la place face à l’augmentation des cas de Covid, les hôpitaux déprogramment les autres traitements et opérations, ce qui est encore une forme de tri des malades soignés ou non. Il n’y a pas d’école supplémentaire, pas d’embauche d’enseignants, d’éducateurs, de psychologues, de nettoyeuses, pas de budgets pour adapter la vie scolaire aux contraintes du virus.
Des manifestations, comme celle du Bois de la Cambre, révèlent la souffrance de la jeunesse privée de vie sociale, confrontée au chômage, à la perte de revenus, à un décrochage scolaire massif. La répression de ces manifestations doit être comparée au laxisme des gouvernements et de la Commission européenne face aux groupes pharmaceutiques qui dictent leurs conditions, même si cela freine les campagnes de vaccination et plonge la société dans le chaos.
Pourtant, la rapidité avec laquelle des vaccins efficaces ont été mis au point, grâce à la recherche scientifique, la capacité des travailleurs de satisfaire les besoins essentiels de la société, malgré toutes les difficultés, tout cela montre que les moyens existent pour assurer une gestion efficace et rationnelle de la lutte contre la pandémie et en fait, de tous les problèmes de la société.
Au lieu de cela, on assiste à l’enrichissement accéléré d’une petite poignée de parasites au milieu de l’explosion du chômage, de la prolifération des variants du virus dans les pays les plus pauvres, de la courbe montante des décès alors que la vaccination patine, de l’angoisse et de la détresse de la jeunesse, du désarroi des enseignants, de l’épuisement du personnel hospitalier… Si on en est là, ce n’est pas en raison d’une fatalité, mais à cause de la course au profit maximum des capitalistes, à la concurrence qui empêche toute coopération, et aux choix politiques des dirigeants qui couvrent ce système inhumain de leur autorité. Ce sont les choix d’une classe sociale, la bourgeoisie, qui porte toute la responsabilité de la pauvreté, du sous-développement et également du manque de moyens sanitaires. Une politique pour réaliser les mesures indispensables à la population serait tout à fait possible, mais seuls les travailleurs organisés et mobilisés peuvent l’imposer. Face à cette pandémie, plutôt que la concurrence et la course au profit, il faudrait imposer la mise en commun des recherches, des découvertes et de la production des vaccins, sous menace d’expropriation des laboratoires.