Suite à l’agression tragique d’un agent de la Stib et l’arrêt de travail unanime de plusieurs jours qui a suivi, la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, a promis plus de mesures de sécurité. Si elle tient ses promesses, 400 policiers supplémentaires patrouilleront dans les bus, trams et métros et le personnel de contrôle de la Stib obtiendrait plus de pouvoirs de répression.
Mais est-ce que c’est pour autant une solution ? Est-ce que l’auteur du coup mortel qui avait visiblement perdu le contrôle de ses actes aurait gardé son calme face à un policier, plus que face à un agent de la Stib ? C’est peu probable. Et si un agent de police armé vient à tirer le premier, se sentant peut-être menacé à tort, est-ce que cela serait moins tragique ? C’est pourtant ce genre d’incidents qui arrivent fréquemment dans les pays où la répression est plus présente dans les rues qu’en Belgique, comme en France par exemple, ou, pire encore, aux Etats-Unis.
Et on peut se demander aussi, pourquoi le gouvernement accepte si facilement de mettre plus de policiers dans les rues, alors qu’il semble impossible de débloquer des moyens pour un transport public efficace et les salaires de ceux qui le font fonctionner.
Oui, plus que du manque de policiers, les agents de la Stib, tout comme les travailleurs des autres transports et services publics, ont bien de raisons d’êtres mécontents. Comme dans les entreprises privées, l’emploi a diminué, la charge de travail a augmenté, les conditions de travail se sont dégradées, les salaires sont restés en rade. Et les maître-mots sont aujourd’hui : économies et rentabilité.
C’est à ce stress, à ces soucis de fin de mois, à la charge de travail toujours plus élevée, au matériel dont l’entretien n’a plus lieu pour cause d’économies, que vient s’ajouter le fait que les agents des transports publics sont en première ligne face à une société qui se déglingue sous la pression de la même logique du profit : les automobilistes à bout de nerfs dans les embouteillages sur le chemin du travail, les usagers paniqués d’arriver en retard, les jeunes sans perspectives et poussés en dehors de la société, le jeu des coudes et le chacun pour soi…
C’est bien cette pression du profit à tout prix qui pèse sur l’ensemble des travailleurs et qui rend la société malade. Et qui lui impose sa violence. Car c’est cette violence sociale que constituent les suppressions d’emplois, le chômage et le chantage l’emploi qui est la première cause d’insécurité pour les classes populaires.
Certes, pour ceux qui, comme la ministre, sont au service de ce système, la répression est la seule réponse qu’ils connaissent.
Mais pour les travailleurs, se résigner à vivre et à travailler avec un policier à droite et un autre à gauche, c’est se résigner à l’exploitation et au chômage.
Non, la logique capitaliste, les travailleurs ne peuvent pas l’accepter : les licenciements, il faut les interdire ! Il faut que chacun ait un travail et un revenu suffisant, qu’il soit jeune ou vieux, en bonne ou en mauvaise santé. Et cela est possible. Il suffirait de prendre sur les profits et les fortunes accumulés pour partager le travail entre tous sans perte de salaire et embaucher, notamment dans les services publics.
A la logique capitaliste les travailleurs doivent opposer la leur, celle d’une société où chacun aurait sa place et où les moyens immenses dont dispose l’humanité aujourd’hui serviront enfin à tous, et pas seulement au profit de quelques uns. Et pour cela, les travailleurs ne doivent plus laisser décider la seule minorité de riches possédants mais lui arracher le contrôle sur l‘économie. C’est ainsi que les décisions économiques pourront être prises démocratiquement, dans l’intérêt du plus grand nombre et non d’une poignée de capitalistes. Les travailleurs n’en seraient pas capables ? Bien plus capables que la poignée de spéculateurs qui a conduit la société, malgré toutes ses richesses et ses prouesses technologiques, dans l’impasse de la crise !
Se rassembler à nouveau sous ce drapeau des intérêts communs des travailleurs, peu importe où ils travaillent, s’ils ont un travail ou pas, c’est une nécessité vitale. Et avec les luttes collectives pour imposer nos intérêts fondamentaux nous regagnerons aussi la solidarité et la fierté d’appartenir à la classe ouvrière. Eh bien, cela changera la vie !