„Le chômage au plus bas depuis 20 ans“, titraient presse et média suite au rapport de l’ONEM, il y a une dizaine de jours. Nous devrions donc nous réjouir qu’il n’y ait « que » près d’un demi million de chômeurs complets indemnisés ? Le cynisme bat son plein.
Pour produire de tels chiffres alors qu’il ne se passe pas une semaine sans annonce de licenciements, ces statistiques laissent de côté toutes les autres personnes sans travail et qui n’ont pas droit au chômage complet : les prépensionnés, les chômeurs (et surtout chômeuses) cohabitants qui voient maintenant leurs droits diminuer peu de temps après avoir perdu leur emploi, ceux qui ont travaillé à temps partiel, tous ceux qui n’ont plus droit au chômage et survivent avec l’aide des CPAS. En vérité, on dépasse largement le million de personnes sans travail !
Il y aurait 16.000 chômeurs en moins ? Mais 74.000 chômeurs ont été sanctionnés. Pendant plusieurs semaines ou des mois, et parfois pour toujours, ils sont rayés des statistiques, et leur situation n’a fait que s’aggraver.
Pas de mention non plus des travailleurs au chômage économique ! Quelques 140.000 salariés doivent pourtant se débrouiller parfois pendant des mois avec des pertes de salaire importantes. Combien de factures en sursis qui s’accumulent ? Pas de mention des 100.000 femmes contraintes de travailler sous le régime des titres services. Elles n’apparaissent peut-être plus dans les statistiques du chômage, mais ce n’est pas pour autant qu’elles ont un salaire qui leur permette de vivre.
Cette catastrophe sociale qu’est le chômage pèse sur l’ensemble des travailleurs, sur ceux qui ont déjà perdu leur emploi, mais aussi sur les salaires de ceux qui ont encore un travail. C’est ainsi que les déclarations officielles se réjouissent que « le chômage de longue durée a reculé ». Il serait plus juste de parler d’une explosion de la précarité. Entre deux contrats à la semaine, les périodes de chômage ne durent certes pas toute la vie, mais l’insécurité, les conditions de travail dégradées et les salaires au rabais, sont devenus permanents.
Non, les gouvernements n’ont aucun bilan positif à mettre à leur actif. Il n’y a pas de miracle en Wallonie, ni de meilleure gestion en Flandre, ni un gouvernement plus social en Belgique qu’ailleurs. Les multiples aides distribuées avec largesse aux entreprises vident les caisses de l’Etat et de la sécurité sociale, mais elles n’ont pas empêché la dégradation de nos conditions de vie et de travail et elles ne les empêcheront pas de se dégrader encore.
Car les capitalistes ont simplement tous les pouvoirs, et notamment celui de condamner ceux qui produisent toutes les richesses à la misère. Les actionnaires riches à milliards, comme ceux d’ArcelorMittal, peuvent condamner une région entière à la misère, tout en s’augmentant leurs dividendes. Bekaert peut licencier des centaines de travailleurs, tout en augmentant le salaire de son PDG. Duferco peut décider de condamner 1.000 travailleurs de son site Carsid, malgré toutes les aides que cette entreprise a reçu de l’Etat.
C’est ce pouvoir sur les salaires et les emplois – sur l’économie – qu’il faut leur ôter. Les travailleurs qui font grève peuvent être condamnés à des amendes, les chômeurs qui n’acceptent pas n’importe quel job qu’on leur propose peuvent perdre leur droit au chômage, mais aucune loi n’empêche les capitalistes de condamner les travailleurs à la misère.
Face à la catastrophe sociale de la crise capitaliste, il faut imposer l’interdiction des licenciements ! Et si il y a moins de travail qu’on le partage entre tous, sans perte de salaire ! Il faut prendre pour cela sur les profits, actuels et accumulés dans le passé.
Pourquoi, les travailleurs devraient-ils payer les pots cassés du système capitaliste ? Ce système enrichit seulement les capitalistes, à eux d’en supporter les risques !
Il y aurait des patrons qui ne peuvent pas faire autrement ? Qu’ils le prouvent ! En contrôlant les comptes des entreprises et de leurs propriétaires, les travailleurs pourraient se rendre compte s’il s’agit vraiment d’une PME ou plutôt d’une filiale d’une grosse entreprise multinationale ; si ce sont les salaires des travailleurs ou plutôt les intérêts dus à une banque qui l’acculent à la faillite ; ou si c’est simplement sur les comptes privés de ses propriétaires que l’argent a été déplacé.
Aucun licenciement n’est justifié. L’argent existe non seulement pour maintenir tous les emplois, mais pour embaucher tous les travailleurs, dans les entreprises privées et dans les services publics.
Voilà ce que nous devons nous décider à imposer par la lutte, si nous ne voulons pas nous enfoncer toujours plus dans cette crise qui n’est pas de nôtre responsabilité !