Entre 60 et 70.000 personnes venues des tous les parties du pays ont répondu présent à la manifestation du 16 mai organisée par les trois syndicats pour protester contre la réforme des pensions du gouvernement.
Le ministre des pensions, Daniel Bacquelaine, avait beau faire campagne les jours précédents la manif pour sa pension à points qui représenterait selon lui un „progrès social“, les travailleurs n‘accordent plus aucune confiance aux menteurs professionnels du gouvernement.
Dans la manifestation, l’absence remarquée et appréciée de pétards permettait des discussions entre collègues. Personne ne s‘imagine travailler jusqu‘à 67 ans sous les conditions de travail qui se sont dégradées ces dernières années. On parlait des enfants qui ne trouvent pas de travail ou alors des contrats précaires, des homes pour personnes âgées impayables, des fins de mois qui arrivent de plus en plus tôt. Le constat du recul social est unanime, parmi les enseignants flamands venus nombreux comme parmi les ouvriers où les travailleurs des autres services publics.
Qu‘une seule manifestation ne va pas suffire pour faire reculer le gouvernement, était clair aussi dans la tête des manifestants. Et dans bien de conversations, il était question de la grève des cheminots en France ou de la grève récente chez Lidl.
Alors, quelle suite ? Les dirigeants syndicaux n‘ont appelé à aucune autre action, ils se contentent de rappeler au gouvernement qu’ils sont capables de mobiliser, si celui-ci s‘obstinait à décider par-dessus leurs têtes, maintenant que le gouvernement a repris l’initiative pour déterminer les critères de pénibilité.
Quant au PS, SP.A, Ecolo et Groen, présents dans la manifestation, la seule suite qu’ils proposent, est électorale. Le PS distribuait des autocollants « ne touche pas à ma pension » dans la manifestation. Une opération de com gonflée, de la part du parti qui a fait reculer l’âge de la prépension lorsqu’il était au gouvernement. Elle n’a pas convaincu grand monde. On portait l’autocollant un peu gêné, faute de mieux, certains cachant le logo du PS sous la veste, parfois les personnes le distribuant se faisaient insulter. Aussi, quand le cortège passait devant le siège du PS, décoré par le même slogan et caché temporairement par une colonne de fumée, le mécontentement était palpable.
La FGTB, après s’être engouffrée pendant trois ans dans les négociations stériles avec le patronat sur la pénibilité de tel ou tel métier qui doit donner droit à un départ anticipée à la retraite, met maintenant en avant une revendication plus fédératrice: une pension minimum de 1500 € pour tous.
Il est évident qu’il faudra construire un rapport de force pour imposer cette revendication, et ce n’est pas le retour des partis socialistes dans les gouvernements qui apportera la solution.
Le gouvernement actuel a pour l‘instant remis à plus tard la pension à points, campagne électorale oblige, mais celle-ci ou une réforme semblable est déjà écrite sur le programme que le patronat dictera aux partis du prochain gouvernement, peu importe leur couleur.
Pour avoir des pensions, des salaires, des conditions de travail dignes, il faut obliger le patronat de renoncer à une partie de ses profits. Pour créer le rapport de force nécessaire à cela, il faudra des luttes déterminées et conscientes des travailleurs qui tendent à se généraliser.
Pour que cette manifestation réussie en soit un début, les travailleurs conscients doivent convaincre leurs collègues, amis et familles pour préparer ces luttes. Ce n’est pas la voie qui semble la plus facile? Mais c’est la seule qui ne soit pas une illusion!