Mawda, une enfant de deux ans, a été tuée d’une balle tirée par un policier, ici en Belgique. Pendant qu’elle agonisait et que le parquet mentait devant les caméras de télévision sur le rôle des policiers dans ce drame, ses parents étaient brutalisés verbalement et enfermés dans une cellule. Ils sont considérés comme « illégaux ».
Cela n’est pas juste un malheureux fait divers choquant, c’est le résultat de la politique anti-migrants criminelle et de plus en plus brutale.
Ainsi Bart de Wever, soutenu par ses seconds Theo Francken et Jan Jambon, n’a rien trouvé de mieux que de dénoncer le fait que cette famille se trouvait « illégalement » en Belgique et qu’elle s’était déjà vu donner l’ordre de quitter le territoire.
Et cela donne donc le droit à la police de tirer sur des gens non-armés et de tuer une enfant ?
Le chauffeur du camion n’aurait pas obéi aux injonctions de la police et tenté d’échapper à leur poursuite, y compris en adoptant une conduite dangereuse dans l’espoir que cela forcerait la police à abandonner, nous explique-t-on. Quelle autre option les personnes entassées dans la camionnette avaient-elles ? S’arrêter, se laisser menotter et se faire expulser vers le pays en guerre qu’elles tentaient de fuir ?
C’est bien cette politique de chasse aux êtres humains, qui quittent la misère et la guerre pour trouver une vie meilleure, qui est criminelle ! Une politique qui a été initiée bien avant que Théo Francken n’occupe le poste de secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration.
Dans les années d’après-guerre, les riches pays européens, dont la Belgique, faisaient massivement venir des travailleurs des pays pauvres, car les patrons des mines et de la construction avaient besoin de main d’œuvre bon marché. Mais déjà dans les années 70, le capitalisme entrait dans une nouvelle crise et les profits des années fastes empochés, les patrons abandonnaient les mines et la sidérurgie pour se tourner vers la finance, et le chômage grimpait en flèche.
A partir du début des années 80, sous prétexte de « protéger l’emploi » et de faire des économies dans les dépenses sociales, tous les partis dans les gouvernements successifs ont contribué à rendre l’accès à la Belgique de plus en plus difficile. Au point qu’aujourd’hui, il n’y a plus qu’un droit d’asile très limité, une véritable loterie où décrocher un permis de séjour de 6 mois, représente le gros lot.
Cela n’a pas du tout empêché les migrations. Car la même logique capitaliste qui génère le chômage ici, engendre les famines et les guerres dans les pays rendus pauvres, car pillés, par les capitalistes des pays riches.
Par contre, les migrants ont été successivement privés de leurs droits les plus fondamentaux : ils ont été déclarés « clandestins », « illégaux ». Cela justifie de les enfermer, de les renvoyer dans des pays où règnent la misère, la guerre, la dictature, et de les priver d’un accès aux soins de base, de leur refuser un logement… De leur refuser toute humanité. Et à entendre De Wever ces jours-ci, cela justifierait même de leur tirer dessus.
Mais le chômage n’a pas diminué, car ce ne sont pas les migrants qui créent le chômage. Le chômage, ce sont les capitalistes qui en sont responsables, en licenciant et en fermant les usines. Au contraire, la criminalisation des migrants a contribué à créer ce climat de peur et de division qui permet aux capitalistes d’imposer aux travailleurs une exploitation accrue.
Et pendant que les migrants devenaient « illégaux » dans le langage politicien, les travailleurs au chômage devenaient des « fraudeurs », les malades des gens qui « abusent », les fonctionnaires et les pensionnés des « privilégiés », les militants syndicaux des « irresponsables », voire des « criminels » qu’il faut trainer devant les tribunaux.
Les seuls auxquels cette politique a profité, ce sont les riches actionnaires et les capitalistes. Leurs fortunes, qu’ils amassent sur le dos des travailleurs du monde entier, s’accroissent plus que jamais.
Oh oui, il s’agit bien d’une guerre de classe menée par la classe capitaliste et ses serviteurs contre tous les travailleurs. Alors, ne nous laissons pas monter les uns contre les autres. La seule frontière qui existe vraiment dans cette société et qui traverse tous les pays, est celle entre les exploiteurs d’un côté, les exploités de l’autre ! Groupons nous sur le terrain de notre propre classe d’exploités et l’avenir nous appartiendra et non plus aux capitalistes et à leur système barbare.