Une insécurité peut en cacher une autre

Les élections communales sont l’occasion de surenchères démagogiques sur la question de la sécurité, à gauche comme à droite. Le PS promet 100 nouvelles caméras dans l’espace public à Bruxelles et veut donner les pouvoirs de la police à des agents de sécurité privé à Charleroi. Les Écolos veulent lancer une « opération ville propre » à Liège contre le narcotrafic. Le MR va toujours plus loin en parlant de chasser les pauvres, qualifiés de  « nuisibles », en défendant la « tolérance zéro » et des couvre-feu à Mons. Et le PTB ne déroge pas à la règle en affirmant qu’il faut investir dans la police des douanes et la police fédérale pour contrôler le port d’Anvers et arrêter le trafic de drogue. 

Si la sécurité est devenue le thème numéro un des communales, ce n’est pas forcément lié à une véritable augmentation de la criminalité, car le nombre de délits tend à diminuer ces dernières années, d’après les statistiques de la police. Mais si le sentiment d’insécurité augmente, c’est surtout en raison d’une autre insécurité qui est bien moins présente dans le débat des communales : le risque de chômage et la pauvreté. 

Car depuis des années, la crise du capitalisme creuse les inégalités, et toujours plus d’individus tombent dans la précarité, ce qui augmente les risques de se retrouver à la rue, d’être touché par des problèmes mentaux graves ou de sombrer dans les addictions. En 2023, un travailleur sur 20 subissait un licenciement, 19% de plus qu’en 2022, et la tendance s’aggrave en 2024. Avec la hausse des prix, ce sont de plus en plus d’individus et de familles qui doivent choisir entre les repas ou le loyer, avec souvent des conséquences dramatiques. À Bruxelles en 2023, plus d’un locataire sur 100 ont été expulsés de leur logement, la majorité pour des dettes locatives de moins de 2.500€… Ce qui a fait exploser le nombre de sans-abris !

Ce n’est pas la police qui va faire diminuer le nombre de sans-abris et d’alcooliques dans les rues. Seuls les travailleurs peuvent faire reculer cette insécurité-là en se battant pour augmenter les salaires et les allocations, et se répartir le travail entre tous !