Après bientôt trois ans de guerre depuis l’invasion de février 2022, l’opinion sur la guerre a évolué, tant du côté des populations ukrainiennes que russes. De nombreux hommes potentiellement mobilisables pour le front refusent d’aller risquer leur vie dans cette guerre dont ils ne voient pas la fin ni même la raison. En témoignent les nouvelles sur les recrutements forcés et les désertions.
Une brigade ukrainienne de 2.500 hommes, nommée « Anne de Kiev », envoyée en France pour une formation militaire, s’est désagrégée. Quelques dizaines de soldats auraient déserté sur le territoire français, dès leur arrivée en France. Et près de 1.500 auraient déserté au total, en majorité lors de leur retour sur le front.
Début janvier, la police ukrainienne annonçait « plus de 600 perquisitions » contre les réseaux qui organisent le passage de la frontière par des hommes qui ont refusé d’aller servir de chair à canon.
La télévision a aussi montré des images de brigades faisant la chasse dans les rues pour enrôler de force des hommes de tous âges, et les conduire sur le front. Un père de famille de trois enfants témoignait qu’en théorie il devrait être exempté, mais que cela ne suffirait pas à arrêter les nervis de l’État ukrainien en quête de chair à canon. Un autre homme interviewé a choisi de se cacher : « Au début de la guerre, j’aurais même voulu me faire enrôler, mais aujourd’hui cette guerre n’a plus de sens. Il faut qu’elle s’arrête ».
Côté russe, les primes élevées pour les volontaires ne suffisant pas, les méthodes de recrutement forcé sont similaires : des brigades contrôlent les hommes dans les rues, à la sortie des transports, etc.
Et entre 10.000 et 12.000 soldats nord-coréens auraient été envoyés en Russie, soit en formation, soit sur le front dans la région de Koursk, ce qui témoigne également de la difficulté pour l’armée russe à recruter.
Dans cette guerre, les soldats ukrainiens et russes s’entre-tuent dans un conflit entre les impérialistes occidentaux d’un côté, l’État russe et ses oligarques de l’autre. La réalité de la guerre est bien loin des discours de la clique de politiciens et d’intellectuels ici en Europe qui, à l’abri dans des salons feutrés, ne cessent d’expliquer que la population ukrainienne doit continuer à se sacrifier pour la “défense de la démocratie”, en réalité pour les profits des capitalistes occidentaux.