Il faut un plan de défense de l’ensemble des travailleurs !

Les travailleurs de chez Lunch Garden ne font pas les frais d’une faillite, mais d’une restructuration !

Et qu’importe que les instances officielles, les lois et autres curateurs d’entreprises déguisent la réalité pour désarmer les travailleurs qui voudraient s’opposer aux licenciements et baisses de salaires !

Lunch Garden ne fait pas les frais de la crise covid, comme le prétend sa direction. La réalité est bien plus glaciale : celle d’un dépeçage, froidement orchestré par l’actionnaire Freshstream, un fonds d’investissement anglais pesant près d’un milliard et demi d’euros. La réalité, c’est que Lunch Garden ne faisait pas assez de profit au goût des spéculateurs de Freshstream !

Alors Lunch Garden, en faillite ? Mensonges !

Mensonges aussi, tout ce que la direction d’Audi Bruxelles a pu raconter aux ouvriers pour arriver à fermer l’usine en ne payant que des indemnités au rabais ! Mensonges encore la prétendue faillite de Van Hool, alors que la famille du même nom est toujours multimillionnaire ! Mensonges, toujours, que la revente des magasins Delhaize ait été autre chose qu’une restructuration destinée à licencier et à faire baisser les salaires !

Mensonges, mensonges, mensonges ! Les exemples ne se comptent plus : Galapagos à Malines, Hexcel à Welkenraedt, Tupperware à Alost… Et toujours dans le même but : désarmer la colère des travailleurs en donnant aux licenciements massifs l’apparence d’une calamité naturelle, inévitable.

Mais les licenciements, les suppressions d’emplois, les baisses de salaires, les fermetures d’usines et les restructurations d’entreprises ne sont pas une fatalité. Les travailleurs doivent s’y opposer ! Le dernier rapport d’Oxfam dévoile que malgré la crise, la richesse des 2.769 milliardaires du monde a augmenté de 2.000 milliards de dollars l’année dernière, soit trois fois plus vite que l’année précédente ! De l’argent pour les salaires, pour les emplois, il y en a !

C’est que l’un ne va pas sans l’autre. Les grands groupes capitalistes maintiennent et augmentent leurs profits malgré la crise parce qu’ils réduisent les salaires et augmentent la concurrence entre les travailleurs. Et tant qu’ils ne rencontreront pas de résistance, ils accentueront cette offensive contre la classe ouvrière.

C’est précisément ce qui se prépare dans les coulisses des négociations du prochain gouvernement. Les documents sur lesquels négocient les partis de l’ « Arizona » (MR, Les Engagés, NVA, CD&V, Vooruit) sont parvenus aux journalistes. La situation est claire : en bons serviteurs des marchés financiers et du patronat, les politiciens du futur gouvernement se préparent à imposer des mesures d’austérités. La réduction des allocations de chômage et leur limitation à deux ans, la réforme des pensions, le blocage des salaires hors indexations, la baisse du financement des soins de santé… Et pour rembourser la dette, tout en maintenant les cadeaux au patronat et en augmentant les budgets militaires, des dizaines de milliards d’économies sont prévues sur les services publics.

Les problèmes ne se posent plus entreprise par entreprise, secteur par secteur, mais doivent être posés au niveau de la société toute entière. En fait, l’urgence de la situation est telle qu’aujourd’hui seule une lutte de l’ensemble du monde du travail pourrait s’opposer à la politique du patronat, des marchés financiers et du gouvernement.

Les directions syndicales refusent une telle lutte d’ensemble. Elles ne veulent pas mettre les capitalistes en difficulté. A Audi Forest, les dirigeants des syndicats ont refusé d’unir dans une même lutte les ouvriers d’Audi et des sous-traitants. En fait, depuis l’annonce de la fermeture, ils ont refusé tout ce qui aurait pu aller dans le sens d’une mobilisation des ouvriers et n’ont proposé comme perspective que des négociations avec la direction, sans même chercher à construire un rapport de force ! Mais sans rapport de force, pourquoi les patrons négocieraient-ils ?!

La politique d’éparpillement des luttes par les directions syndicales se confirme partout. Par exemple, les mobilisations des enseignants francophones sont organisées le 27 et 28 janvier, alors que les enseignants flamands étaient en grève le 13 janvier !

Cette politique d’éparpillement des luttes, que cela soit face aux suppressions d’emplois, ou face aux futures réformes du gouvernement, ne peut mener les travailleurs qu’à l’impuissance et à la démoralisation. Il faut se préparer à dépasser les limites syndicales.

C’est même la seule voie qui peut permettre à la classe ouvrière de se défendre. Dans toutes les entreprises de tous les secteurs, l’origine des problèmes est la même: l’exigence de profit et de rentabilité imposés par la classe capitaliste.

Les travailleurs n’ont pas d’autre choix que de construire un rapport de force pour leur permettre de s’opposer aux mesures d’austérité et aux suppressions d’emplois, et finalement lorsqu’ils seront suffisamment forts, de se débarrasser du capitalisme lui-même.