De nombreux travailleurs ont besoin de connaître le montant de leur pension pour gérer leur fin de carrière. Or il est difficile d’obtenir des chiffres fiables, car les règles sont complexes et les travailleurs changent fréquemment de statut : salarié, chômeur, indépendant, fonctionnaire, sont souvent les étapes d’une vie professionnelle.
Les secrétariats sociaux manquent de données et leurs calculs sont fantaisistes. Le service en ligne MyPension ne fournit qu’une estimation qui peut s’écarter de beaucoup de la réalité. Pour avoir des réponses à ses questions, la seule solution est d’appeler le service des pensions. « Appeler » car l’administration ne répond plus au courrier ni aux emails. C’est pourquoi l’année dernière ce service a reçu… un million d’appels !
Comme le personnel est limité, chaque appel ne dispose que d’un crédit de 20 minutes. Si vous avez attendu 16 minutes avant qu’un agent décroche, celui-ci n’a plus que 4 minutes pour vous répondre. Une alerte lumineuse lui signale qu’il arrive en fin de temps. En cas de dépassement des 20 minutes, l’agent sera convoqué par sa hiérarchie pour s’expliquer…
Témoignage
« J’ai 57 ans, cela fait 30 ans que je suis agent contractuelle dans une Direction du Service Public Fédéral. En avril dernier, nous avons appris que la moitié des postes de notre service allaient être supprimés. La direction nous a demandé de postuler pour notre propre emploi. Demain, je passe un examen où je vais devoir démontrer ma maîtrise du logiciel Excel. Je n’ai jamais utilisé ce programme. Je n’ai jamais reçu de formation à ce sujet. Je m’entraîne tous les soirs depuis avril avec l’aide de mon fils. Mais ensuite on passera une audition devant une responsable des Ressources Humaines qui ne nous connaît pas et ne sait rien de notre travail.
Nous avons peur. Seuls les mieux classés conserveront leur emploi. Pour les autres, il y aura deux CDD de 6 mois. Et après ? Est-ce que nous recevrons un préavis pour notre CDI ? Si je perds mon emploi, je ne retrouverai pas de travail à mon âge. Et j’ai fait mes calculs : en cas de licenciement, je perdrai près de 70.000 euros avant l’âge de ma pension, en comptant la différence entre mon salaire actuel et une indemnité de chômage. »
Voilà les méthodes par lesquelles le gouvernement Vivaldi, dans lequel figuraient trois ministres socialistes, ont supprimé des emplois dans la fonction publique, et rendu les administrations encore moins accessibles à la population.