Mercredi 14, en Belgique la mobilisation était loin d’être la plus forte, mais c’était réconfortant de voir que dans toute l’Europe, des travailleurs s’étaient mobilisés pour manifester, voire pour faire grève, un seul et même jour. Venus d’Espagne, d’Italie, de Grèce et du Portugal, mais aussi d’Allemagne, de France et d’Angleterre, les images donnaient un aperçu de la force qu’auront les millions de travailleurs d’Europe quand ils s’uniront pour se défendre ensemble contre les licenciements et les baisses de salaires imposés par les capitalistes de tous les pays.
Les directions syndicales belges n’avaient appelé que très mollement à la grève et uniquement dans certains secteurs. Et leurs actions volontairement « symboliques » n’ont ciblé que l’Union européenne, voire le seul gouvernement allemand. Aucun mot d’ordre ne dénonçait la politique du gouvernement belge qui prépare pourtant toute une série de nouvelles mesures d’austérité qui s’ajouteront à celles déjà en application. Telle la « réforme » des allocations de chômage qui va pousser vers la misère des dizaines de milliers de travailleurs qui sont en train de perdre leur travail. Ainsi le gouvernement veut contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel travail à n’importe quel salaire.
Un ou plusieurs sauts d’index, ou la suppression d’un ou plusieurs jours fériés ou de congé, ou bien une hausse de la TVA, de nouvelles économies dans l’enseignement, les soins de santé, à la SNCB, etc. Voilà les « idées » qui sont sur la table du gouvernement belge pour faire payer à toute la population le sauvetage des banques. Et ce n’est pas fini car les 2,7 milliards d’euros pour un énième sauvetage de banques préparent de nouvelles mesures d’austérité.
Tous les partis au gouvernement sont pour des mesures d’austérité même s’ils débattent de celles qu’ils vont appliquer. Certes, le PS pousse en ce moment des hauts cris sur la justice sociale, et pose en défenseur du pouvoir d’achat. Mais cela fait simplement partie du show. Le PS a participé à maints gouvernements d’austérité dans le passé et il l’orchestre en ce moment. A aucun moment, les ministres PS n’ont refusé de faire cadeau de milliards aux banquiers. Et comme tous les partis au gouvernement, il n’a que le mot « compétitivité » en bouche. Mais l’accroissement de la compétitivité ne créera pas d’emplois, contrairement à ce que prétendent les socialistes, ensemble avec les humanistes, les sociaux-chrétiens, les libéraux et le patronat. La compétitivité, c’est la baisse des salaires et la mise en concurrence accrue des travailleurs. Et comme tous les gouvernements et les patrons veulent imposer la compétitivité, partout, dans tous les pays, ça ne peut qu’entrainer une baisse générale des emplois et des salaires… si on les laisse faire.
Alors oui, à bas l’austérité! Et à commencer par celle mise en œuvre par notre propre gouvernement ! Les patrons belges n’ont pas besoin de l’Europe pour baisser nos salaires. Aucune Madame Merkel n’est nécessaire pour transformer nos ministres en serviteurs des capitalistes. Ils l’ont toujours été ! Comme les gouvernements des autres pays, en Europe et ailleurs!
Certes, c’est l’Europe des patrons, mais au même titre que c’est la Belgique des patrons, l’Allemagne des patrons, la France des patrons, l’Espagne des patrons… Et si d’un bout à l’autre de l’Europe, les travailleurs se trouvent sous les attaques patronales, ce n’est pas à cause de l’Europe, mais à cause des patrons et de leur système capitaliste de jour en jour plus malade et plus néfaste !
Il faut nous unir au-delà des frontières qui subsistent à l’intérieur de l’Union européenne, et même au-delà. Car, les travailleurs font partout face aux mêmes exploiteurs, au même ennemi de classe, à la même classe capitaliste. Ce sont les travailleurs des autres pays qui sont nos alliés naturels, et pas ces bourgeois et ces ministres avec lesquels on partage peut-être la même langue, mais dont les intérêts sont diamétralement opposés aux nôtres : c’est leurs profits OU nos salaires !
Il faut s’unir, mais pas pour combattre des moulins à vents européens, mais bien le patronat, cette bourgeoisie et leurs serviteurs au gouvernement, à commencer par ceux qu’on a sous la main. Si les travailleurs en prennent conscience, ils seront en mesure de se défendre contre les licenciements massifs et les baisses de revenus qui se préparent. Et quand les travailleurs seront suffisamment forts, ils devront abolir le pouvoir de la classe capitaliste, et c’est cela, et rien que cela, qui ouvrira le chemin à une Europe socialiste débarrassée des frontières et de l’exploitation.