Les directions syndicales appellent à une manifestation nationale ce jeudi. Soyons le plus nombreux possible !
Les raisons d’être en colère et de revendiquer ne manquent pas. Depuis l’éclatement de la crise bancaire en 2008, les travailleurs payent le prix fort de cette nouvelle aggravation de la crise capitaliste, pour laquelle ils ne sont en rien responsables.
Les banques, les grandes entreprises et leurs actionnaires, par leur soif aveugle de profit, ont provoqué la crise. Mais ils ont continué à s’enrichir. Les grandes familles bourgeoises ont pu compter sur tous les gouvernements successifs pour faire payer la crise à la population laborieuse. L’argent qui manque pour nos pensions, dans l’enseignement, dans les communes, etc., c’est dans leurs coffres forts qu’il a disparu.
Jeudi, c’est la première fois depuis 6 ans que dure ce dramatique épisode de la crise capitaliste, que les travailleurs de tous les secteurs sont appelés à manifester ensemble. Et c’est une bonne chose, car ce n’est qu’ensemble que nous pourrons nous défendre.
Mais ne soyons pas dupes !
Tout le monde a remarqué que les mesures tout aussi dures pour les travailleurs décidées par le gouvernement Di Rupo n’ont pas provoqué les mêmes réactions des directions syndicales. Ce qui change, c’est que les partis socialistes sont dans l’opposition, ainsi que le CDH. Les directions syndicales craignent que le patronat et le gouvernement leur enlèvent la gestion des allocations de chômage, elles sont inquiètes aussi que le patronat et le gouvernement ne prennent plus la peine de négocier avec eux. Alors les syndicats appellent les travailleurs à descendre dans la rue.
Et si aujourd’hui, ils veulent montrer qu’ils peuvent nous mobiliser, demain ils peuvent très bien se contenter d’un geste du gouvernement et du patronat pour nous démobiliser.
Le camp patronal peut par exemple renoncer à l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans, mais maintenir toutes les autres mesures qui baisseront les salaires et les pensions de façon dramatiques et durables. Il peut renoncer au saut d’index et se contenter d’une nouvelle manipulation du calcul de l’index qui aura le même effet. Il peut décider de donner la garantie aux appareils syndicaux de ne pas toucher (dans l’immédiat) à leur rôle dans le payement des allocations de chômage. Il peut garantir que les négociations continueront comme avant…
Les directions syndicales pourraient se contenter de pas grand-chose et dire qu’elles ont obtenu quelque chose, ce ne serait pas la première fois que cela se passe comme ça. Mais pour les travailleurs, cela ne changerait rien, la situation serait toujours aussi difficile.
Alors, saisir l’occasion de l’appel syndical pour montrer notre colère ne suffira pas, il faut que nous ayons nos propres objectifs, nos propres revendications, notre propre politique et que nous soyons nombreux à les faire entendre !
Les travailleurs n’ont que leurs salaires pour vivre, il faut les défendre. En ce temps de crise où les ventes baissent, les capitalistes n’ont qu’une possibilité d’augmenter leurs profits, ou au moins de les maintenir : baisser nos salaires. Le saut d’index et sa manipulation, les mesures pour baisser les pensions, priver les chômeurs de leurs allocations, les obliger d’accepter n’importe quel job à n’importe quelles conditions… toutes ces mesures visent à permettre aux patrons de nous exploiter plus.
Mais même si on arrive à faire reculer le gouvernement sur l’une ou l’autre de ces mesures, cela ne servirait pas à grand-chose si on ne visait pas à empêcher les licenciements, l’attaque la plus radicale et déterminante contre les salaires. Et c’est le chômage massif qui permet aux patrons d’exercer le chantage permanent sur les salaires et les conditions de travail.
Il faut imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire ! Ce n’est que comme ça qu’on pourra empêcher les actionnaires de Delhaize, des banques, de Ford, ArcelorMittal, Caterpillar, etc. de continuer à plonger les masses laborieuses dans la misère.
Bien entendu, cela demande des luttes d’une toute autre ampleur. Mais c’est derrière ces objectifs que la classe ouvrière aura la force d’empêcher les capitalistes de plonger toute la société dans la misère et le chaos. D’autant plus qu’avec le service minimum dans les services publics, c’est le droit de grève qui est visé par le gouvernement.
Alors, mettons les manifestations et les piquets à profit pour débattre des revendications de notre classe et de retisser les liens qui nous permettront de continuer la lutte, même quand les directions syndicales voudront l’arrêter !