Seule l’expropriation des capitalistes arrêtera leur machinerie folle.

Le monde capitaliste apparaît comme une véritable maison de fous. La moindre rumeur, voire un bug dans le système informatique de la Bourse de New York, entraîne la danse de Saint-Guy des marchés boursiers. Des milliards qui s’envolent puis se retrouvent dans une agitation désordonnée, des États qui, après les banques et les entreprises, sont menacés de faillite. Des dirigeants politiques affolés.

En quelques jours, la “crise grecque” est devenue la crise de l’euro. En fait, les dénominations elles-mêmes sont mensongères et sont inventées pour tromper l’opinion publique. La Grèce et, à infiniment plus forte raison, les exploités grecs ne sont pour rien dans les causes de cette crise même si c’est à ces derniers que les dirigeants en font payer le prix par des mesures d’austérité draconienne.

La Grèce et, après elle, le Portugal et l’Espagne subissent la spéculation, c’est-à-dire ces vagues erratiques de placements de capitaux qui, à la recherche du profit le plus élevé dans le laps de temps le plus court, se déplacent d’un pays à l’autre, semant la panique et ruinant encore plus des économies déjà ruinées.

Les dirigeants politiques comme les commentateurs parlent du “marché financier” comme d’une divinité juste et sévère qui punit les États gérant mal leur budget. Mais, en réalité, derrière cette divinité contre laquelle les chefs d’État avouent ne rien pouvoir, il y a un nombre limité de grandes banques qui gèrent les capitaux de groupes capitalistes à la recherche de placements financiers avantageux.

Ces mêmes grandes banques ont été sauvées, il y a moins de deux ans, de la première grande secousse de la vague de spéculations financières qui, en septembre 2008, faillit bloquer tout le système bancaire. Les États avaient alors débloqué plusieurs centaines de milliards de dollars et d’euros pour venir au secours des banquiers. Mais ils n’avaient rien demandé en contrepartie, ils n’avaient rien imposé, pas même un minimum de garde-fous.

Aussitôt sauvés de la banqueroute grâce à l’argent des États, les banquiers ont recommencé à spéculer mais cette fois-ci contre les États eux-mêmes. D’où cette nouvelle crise en train de se répandre partout en Europe et qui menace l’existence même de l’euro, la monnaie commune de seize pays d’Europe. Qu’ont-ils trouvé, les dirigeants, pour arrêter la nouvelle vague de spéculations ? Recommencer ce qui a si lamentablement échoué en 2008 !

Cette fois-ci, les gouvernements européens se sont mis d’accord de constituer un fonds de 750 milliards d’euros pour convaincre ces messieurs les spéculateurs que, même si un Etat se retrouve défaillant, les autres paieront et les banques ne perdront rien. C’est ce qu’ils appellent « gagner la confiance des marchés ».

Cet énorme paquet d’argent débloqué en faveurs des groupes financiers représente le PIB de la Belgique et des Pays Bas réunis : l’ensemble des richesses produites par près de 10 millions de travailleurs en un an. Et il faudra trouver cet argent quelque part. C’est pourquoi il est lié à l’obligation de politiques d’austérité importantes, de la part des pays qui pourraient faire appel à ce fonds, et de tous les autres. Ainsi, l’un après l’autre, les gouvernements ont commencé à annoncer des plans d’austérité. Les gouvernements feront partout des économies sur les dépenses pour les services publics ; partout, on diminuera le personnel de l’État, on abaissera les salaires ; partout, on s’en prendra aux retraites et à la protection sociale. En clair, tous les gouvernements se préparent à prélever sur les classes exploitées les sommes débloquées en faveur de la classe capitaliste.

Pour quel résultat ? Deux jours après l’annonce, les bourses et la valeur de l’euro ont recommencé à plonger. Cette fois-ci les spéculateurs s’attendraient à une prolongation de la crise due aux programmes de l’austérité…

Plus la crise avance, plus l’économie capitaliste actuelle se révèle dans toute sa hideur. Ceux qui monopolisent les capitaux les investissent de moins en moins dans les activités productives. Et qu’ils spéculent à la hausse ou à la baisse, ils poussent les États à prélever directement sur les classes populaires de quoi compléter les profits tirés de l’exploitation directe. C’est une économie de plus en plus basée sur le parasitisme pur et simple. Non seulement elle coûte cher aux classes sociales qui travaillent et qui créent la richesse, mais elle est totalement anarchique, désordonnée, menaçant d’entraîner toute l’humanité dans son effondrement.

Les travailleurs ont à se défendre contre cette machinerie folle. Bien au-delà cependant de cette légitime défense, se pose la nécessité de renverser cet ordre économique aussi injuste que fou et d’exproprier la classe capitaliste qui mène la société à la catastrophe.