Les syndicats appellent à une grande manifestation le 21 février. La FGTB a en effet « suspendu sa participation » aux négociations de l’accord interprofessionnel (AIP) en cours. Après deux mois de négociations à huis clos, les directions syndicales font mine de découvrir qu’il n’y avait rien à négocier.
Le gouvernement a en effet déjà décidé un gel des salaires jusqu’en 2014 (au moins) et modifié le calcul de l’indexation des salaires. Une série de manipulations comme la prise en compte des prix soldés rendent inopérant le mécanisme de l’indexation. Mesures qui s’ajoutent aux précédentes : baisse des allocations de chômage ; relèvement de l’âge de la prépension et règles plus strictes pour y accéder, dont les conséquences sont une baisse importante des montants des pensions.
Les syndicats dénoncent maintenant que par ces décisions, le gouvernement n’a pas laissé de marge pour les négociations. En effet, le gouvernement n’est pas neutre, il est dans le camp du patronat ! Les ministres sont prêts à imposer tout ce qu’il demande.
Et ce patronat fait une véritable guerre aux travailleurs. Ce sont les fermetures, licenciements et suppressions d’emplois, même dans les entreprises qui ne sont nullement en difficulté. C’est la baisse des salaires (lors des restructurations de Durobor et de Duferco/NMLK, des baisses de 20% et plus ont été imposées), la flexibilité et la précarité… La conséquence, c’est l’explosion de la pauvreté.
Entre leurs dividendes et les salaires des travailleurs, les actionnaires et dirigeants des grandes entreprises ont depuis longtemps fait leur choix. Dans les périodes de crise, c’est OU leurs profits OU nos salaires. Dans ces circonstances, la « concertation sociale » ne peut déboucher que sur de nouveaux reculs pour les travailleurs. Et plus on recule, plus le patronat se fait exigeant. L’accord équilibré que réclament les directions syndicales n’existe pas. Il faut changer le rapport de forces en faveur des travailleurs !
Alors oui, les travailleurs doivent se mobiliser le plus massivement possible le 21 février… et au-delà. Même s’il est évident qu’une seule journée de manifestation isolée ne suffira pas. Peut-être les négociateurs syndicaux obtiendront-ils de nouvelles séances de négociation… dont rien ne sortira. Mais cela ne suffira pas à faire reculer le patronat. Pour cela, il faut une lutte ample et déterminée pour toucher le patronat là où cela lui fait mal : dans ses bénéfices et dans son pouvoir sur les entreprises. Le patronat ne reculera que devant des travailleurs massivement prêts à descendre dans la rue dans tout le pays, et prêts à occuper les entreprises.
On n’en est pas là. Mais les travailleurs ne doivent pas se résigner et tout en n’étant pas dupes des limites des directions syndicales, ils ont tout intérêt à saisir l’occasion pour discuter autour d’eux et entraîner le plus de monde possible dans la grève et dans les manifestations.
Plus on sera nombreux, plus il y aura de travailleurs, qui ne participent pas habituellement ou qui n’ont pas encore eu l’occasion de participer à des mobilisations, plus grand sera le nombre de travailleurs qui discutent ensemble de leurs intérêts, mieux cela vaut pour la lutte nécessaire et inévitable à venir.
Dans cette lutte à venir, la classe ouvrière ne pourra se contenter des objectifs – volontairement flous – mis en avant par les syndicats : un plan de relance « crédible » et une fiscalité plus juste. Un plan de relance, même « crédible », qu’est-ce que c’est d’autre que de nouveaux cadeaux au patronat ? Ces plans de relance n’auront pas d’autres effets que les cadeaux précédents : vider les caisses de l’Etat sans pour autant créer de l’emploi. De même, imposer plus les riches, nécessite de lever le secret des affaires et de faire contrôler leurs comptes, par les travailleurs eux-mêmes.
Il s’agira de prendre l’argent là où il se trouve : dans les caisses du patronat, dans les coffres forts des grandes familles bourgeoises et des banques. Il s’agira d’ôter aux capitalistes le pouvoir qu’ils ont de condamner les travailleurs à la misère.
Alors, mettons à profit la journée d’action du 21 février pour préparer la lutte à venir !