Sans-papiers dans les écoles…

Du côté du personnel

Le 21 janvier, on apprenait que Divine Nsunda venait enfin d’être régularisée après dix ans d’attente.

Divine est accueillante extra scolaire à la petite école de Gentinnes depuis 8 ans. Fin janvier 2023, ses collègues et son directeur s’étaient inquiétés de ne pas la voir arriver à l’école pour prendre son service. Ils avaient mis deux jours à réussir à avoir de ses nouvelles. Elle avait été arrêtée et mise en centre fermé. Après la mobilisation de l’école, des élèves, de leurs parents, ainsi que d’autres écoles, Divine avait pu être libérée mais restait depuis dans l’incertitude quant à son avenir en Belgique.

Les mobilisations pour Sabine et Divine ont permis de faire connaître leur cas et d’obtenir leur régularisation, mais combien de cas passent inaperçus ?

Alors qu’il manque cruellement de personnel dans les écoles, de nombreux enseignants n’ont qu’un permis de séjour provisoire, les faisant vivre dans l’anxiété d’un non renouvellement de leur titre de séjour, et conséquemment de la perte de leur emploi alors qu’on a tant besoin d’eux !

Les ministres qui prétendent lutter contre la pénurie d’enseignants se gardent bien de faire en sorte qu’ils soient régularisés ! Tout comme cela avait été le cas durant la pandémie de Covid, quand des infirmières et médecins sans-papiers avaient demandé leur régularisation afin d’aider dans les hôpitaux, ce qui leur avait été refusé !

Ce refus de régulariser les travailleurs, y compris ceux exerçant des métiers en pénurie, est le résultat d’une politique qui vise à précariser l’ensemble des travailleurs.

Et des élèves…

De plus en plus d’élèves se retrouvent dans une situation de précarité liée à leur situation administrative (en plus du reste).

Les enfants ont le droit d’aller à l’école en Belgique, quel que soit leur permis de séjour ou leur absence de permis de séjour, au nom des Droits de l’enfant. Cependant les nombreuses démarches afin d’obtenir une régularisation, la crainte d’être expulsé, l’absence de perspective de pouvoir rester sur le territoire une fois leur diplôme obtenu sont autant de tracas qui nuisent à leur vie et à leurs études.

Que dire à des jeunes qui obtiennent leur CESS et qui voudraient poursuivre leurs études, mais qui, étant sans papier, ne le peuvent pas et se retrouvent réduits à être des travailleurs sans papiers ou à devoir retourner dans un pays où ils n’ont plus d’attache ?!

Que dire à des jeunes, ayant obtenus des aides quand ils étaient mineurs, mais qui une fois majeurs perdent tous leurs droits ?!

Que dire à des jeunes, comme les élèves syriens en décembre passé, qui déclarent que ça ne sert à rien d’étudier pour les examens, puisqu’ils risquent d’être expulsés suite au changement de régime en Syrie ?!

Que dire quand un élève est manquant en classe ? qu’il a disparu sans laisser de trace ? parti pour un pays où règne la guerre ?

Face à tous ces drames individuels, il faut opposer la solidarité des travailleurs et les luttes collectives ! Les travailleurs avec ou sans papiers, font tourner toute la société, unis ils sont une force considérable !