Depuis le 6 septembre, plusieurs familles afghanes occupent un bâtiment vide à Bruxelles dans l’espoir de pouvoir faire revenir le gouvernement sur sa décision de leur expulsion vers l’Afghanistan. Cette action est la suite d’une mobilisation qui dure depuis juillet et qui concerne plus de 300 personnes désormais sans titre de séjour et donc aussi sans logement et sans ressource, dont de nombreux enfants.
Le pays qu’ils ont fui, et où le gouvernement veut les renvoyer, est un pays en guerre où les garçons sont fréquemment enlevés pour servir d’enfants soldats et où le sort des filles est celui d’une vie d’esclave prisonnière à la merci d’un mari qui a tous les droits.
Tout ce que la secrétaire d’Etat à l’asile, Maggy De Block, avec l’ensemble du gouvernement derrière elle, a trouvé à répondre c’est de reprocher à ces parents de « se servir de leurs enfants pour faire du chantage émotionnel » et de prévenir qu’elle ne cèdera pas à ce genre de « chantage ».
Vouloir assurer une vie meilleure, ou la vie tout court, à ses enfants et à soi-même est pourtant un élémentaire sentiment humain. Un sentiment que cette société parvient à criminaliser, à affubler de l’étiquette « illégale ».
Rien que cela témoigne du degré de barbarie de cette société capitaliste où le profit vaut plus que les vies humaines.
La guerre d’Afghanistan est emblématique à cet égard. Cette guerre qui dure depuis 12 ans a déjà coûté des milliers de milliards de dollars et des dizaines de milliers de morts avec pour tout résultat d’ajouter des destructions aux destructions. Rien que la petite Belgique, pour qui cela semble si difficile d’assurer une vie digne à quelques milliers de personnes qui frappent à ses portes, dépense bon an mal an des dizaines de millions d’euros – et sans doute plus – pour participer à cette guerre qui lui permet de maintenir son potentiel militaire et de rester dans la course pour la fourniture d’armes.
Une petite fraction de l’argent dépensé pour cette seule guerre parmi tant d’autres permettrait d’en finir avec la faim dans le monde. Les hautes technologies, le travail d’ingénieurs de haut vol investi dans la conception et la fabrication d’engins de guerre sophistiqués, auraient permis de hisser le niveau de vie de l’Afghanistan et de bien d’autres pays à celui qui est le nôtre ici. Et du coup cela aurait fait reculer l’obscurantisme et le désespoir, plutôt que de ne laisser d’autre choix à la population que de fuir les bombardements ou d’être broyée par la guerre.
Mais pour les capitalistes, cela voudrait dire renoncer aux profits : ceux notamment des entreprises d’armement. Cela voudrait dire pour les Etats riches, dont la Belgique, de renoncer à leur domination sur le monde qui assure des matières premières bon marché aux grandes entreprises. Pour qu’une poignée de riches actionnaires accumule d’énormes profits, il faut que le reste du monde subisse la guerre, la misère et les dictatures.
Pour que les formidables moyens technolo-giques dont l’humanité dispose aujourd’hui puissent servir à l’humanité toute entière et la faire sortir de la barbarie, il n’y a pas d’autre moyen que d’exproprier les capitalistes. Et il faudra que la classe ouvrière, la classe qui fait tout fonctionner, prenne en main la direction de toute la société.
Nous n’en sommes pas là aujourd’hui, mais par rapport aux réfugiés qui parviennent à fuir ce vaste enfer et se retrouvent chez nous, nous devons choisir notre camp : nous ne pouvons pas être du côté du gouvernement qui fait expulser quotidiennement des personnes, ce qui revient souvent à les condamner à mort dans les pays qu’ils ont fui. Car le gouvernement expulse ces réfugiés pour les mêmes raisons et les mêmes intérêts que lorsqu’il impose le gel des salaires déjà trop bas, qu’il fait la chasse aux chômeurs et abreuve de faveurs les capitalistes licencieurs… Ce sont deux volets de la même politique dévouée aux intérêts des capitalistes. Ce sont deux aspects de la même guerre que la classe des capitalistes mène contre les travailleurs. Voilà ce qu’ils voudraient nous faire oublier quand ils tentent de nous faire croire que ce sont les exploités d’ailleurs qui sont la source de nos problèmes ici.
Le camp des travailleurs c’est celui d’un avenir humain. Notre camp est tout choisi : Stop aux expulsions !