Quand le capitalisme menace de plonger dans le noir toute la société

Chaque semaine, les médias et leurs « experts » nous rappellent qu’il faut s’attendre à des coupures de courant cet hiver. Le gouvernement a préparé un « plan de délestage » pour organiser ces coupures par zones plutôt qu’une panne générale, un black-out.

Cela fera une belle jambe aux particuliers privés d’éclairage, de chauffage central, de congélateur, de respirateur artificiel… Les commerçants, les restaurateurs, les hôpitaux, les homes pour personnes âgées devront se débrouiller avec les moyens du bord.

Pourtant, il y a 20 ans, la Belgique disposait d’un parc d’énergie électrique parmi les plus développés. Mais, avec la libéralisation du secteur intervenue dans les années 2000, les gouvernements ont laissé les capitalistes gérer le secteur comme ils l’entendaient. Et voilà le résultat.

Ces centrales électriques ont pourtant été construites grâce à l’argent des contribuables et amorties à pas accéléré grâce au prix surélevé prélevé chez les consommateurs. La « libéralisation du secteur de l’énergie » c’était surtout permettre aux entreprises capitalistes de s’enrichir grâce à ces installations. Pour Electrabel, filiale de GdF-Suez depuis 2008, c’étaient des profits garantis, sans devoir faire le moindre investissement. Ce qui n’a pas empêché Electrabel et les autres « acteurs de l’énergie » d’augmenter encore les prix.

Les réacteurs nucléaires approchent de leur fin de vie ? Comme à Doel, à Thiange, les cuves en acier qui contiennent l’eau de refroidissement du combustible d’uranium, ne paraissent plus en état de supporter le choc d’un refroidissement d’urgence en cas de problème ? Il faudrait démanteler ces centrales et investir dans des capacités de production alternatives ?

Les exploitants capitalistes n’en ont cure. En 2013, GdF-Suez a distribué plus que la totalité de son profit net en dividendes aux actionnaires : 3,5 milliards d’euros, tout en menant une bataille juridique pour ne pas devoir payer à l’Etat la « taxe nucléaire » de 500 millions d’euros.

En fait, comme c’est le cas pour tous les autres sites industriels pollués que les capitalistes ont abandonné pour réaliser plus de profit, les actionnaires d’Electrabel-GdF-Suez comptent laisser les centrales nucléaires usées derrière eux, en comptant sur l’Etat pour tout nettoyer avec l’argent public.

Et pendant que ces centrales nucléaires tombent en panne les unes après les autres, les entreprises de l’énergie arrêtent la production de leurs centrales à gaz « pas assez rentables » ! Il est en effet plus profitable de produire de l’électricité en brulant du charbon, dont le prix à beaucoup baissé… Et tant pis pour la pollution, tant pis pour les consommateurs plongés dans le noir.

Les gouvernements – les précédents comme les futurs – sont complices de ce pillage mise en œuvre sans le moindre sens de responsabilité envers la collectivité.

Ainsi, le plan Wathelet n’est rien d’autre qu’un plan de subsides pour les mêmes capitalistes. Car la constitution de la « réserve stratégique » signifie que le gouvernement se prépare à subventionner les centrales à gaz qu’Electrabel et d’autres entreprises d’énergie jugent trop peu rentables. Cela s’ajoutera aux cadeaux à fonds perdus distribués à tout va pour permettre aux capitalistes de faire des profits avec l’énergie renouvelable. Les éoliennes sont loin de couvrir les besoins en électricité pour permettre de faire rouler des trains, faire fonctionner des usines, des hôpitaux et autres infrastructures collectives.

Le futur gouvernement envisagerait quant à lui de prolonger encore une fois la durée d’exploitation des centrales nucléaires. Pour permettre aux actionnaires d’Electrabel-GdF-Suez (dont Albert Frère et la famille Boël) de continuer à se remplir les poches avec des centrales en bout de course, ils prennent le risque de provoquer pire qu’un black-out : un accident nucléaire !

Tant que les intérêts d’une poignée d’actionnaires priment sur les intérêts de la majorité de la population, il n’y aura pas de vraie recherche et de développement d’une énergie peu couteuse pour la population. C’est pour cela qu’il ne faut pas laisser des secteurs aussi fondamentaux que l’énergie, la santé, l’éducation, le transport, la nourriture, les banques… dans les mains des capitalistes. Il faut soumettre tous les secteurs essentiels de la société au contrôle de la population, et en premier lieu au contrôle des travailleurs qui les font fonctionner.

Cette solution n’est envisagée par aucun gouvernement, et elle ne pourra être imposée que par les travailleurs. Mais c’est la seule pour éviter le blackout.