Non, le ministre des pensions (PS), Michel Daerden, n’était pas dans un état second quand il a annoncé en février dernier qu’il faudrait que tout le monde travaille 3 ans de plus et que l’âge moyen de fin de carrière passe de 58 à 61 ans. D’ailleurs la FEB et l’ensemble des dirigeants des partis gouvernants disent la même chose : le système des pensions doit être modifié, nous n’aurions pas les moyens de le financer.
Tout ce beau monde sait parfaitement qu’il est quasiment impossible de trouver un travail après 50 ans, et que finir sa vie de travail plus tard ne résoudra pas le problème, car ce sont alors les jeunes qui commenceront leur vie de travail plus tard, faute d’emplois.
Ils savent parfaitement aussi que les patrons préfèrent souvent se débarrasser des travailleurs âgés pour les remplacer par des plus jeunes à qui ils imposent des salaires plus bas et des contrats précaires. Le « pacte des générations » de 2006 n’y a rien changé ! Les entreprises continuent à supprimer des emplois, par contre la prépension des travailleurs licenciés devient plus précaire et leur pension diminue !
Il s’agit d’une nouvelle attaque contre les pensions et les salaires que la classe patronale et ses serviteurs dans les gouvernements mènent contre les travailleurs. Attaque qui suit une longue série qui a mené à la situation où un quart des pensionnés vit sous le seuil de pauvreté (et combien d’autres tout juste au-dessus ?).
Et ils savent parfaitement aussi que la seule raison de l’aggravation des conditions de départ en pension des travailleurs, c’est la volonté de la classe capitaliste de réduire la part des vieux travailleurs pour accroître la leur.
Pour justifier l’injustifiable, on nous arrose de stupidités à longueur de journée et la « conférence nationale sur les pensions » a même pondu un « livre vert » de plusieurs centaines de pages d’après le vieux principe : à force de répéter des mensonges et de les imprimer, certains finiront sans doute par y croire.
On nous explique par exemple que, puisqu’on vit plus longtemps, le nombre de pensionnés augmente par rapport au nombre d’actifs, c’est mathématique. Et ces « experts » de nous expliquer qu’en 2060, 10 travailleurs actifs cotiseraient pour 7 pensionnés, contre 4 pensionnés aujourd’hui.
Ce sont les mêmes qui n’ont pas pu prévoir la crise actuelle, les mêmes économistes incapables de prévoir la situation économique en 2011, qui prétendent connaître la situation en 2060 ! Cela n’est pas de la science, c’est de la poudre aux yeux pour cacher le véritable problème.
Le nombre de pensionnés par rapport aux travailleurs actifs a augmenté depuis la fin de la guerre où l’espérance de vie était de 65 ans. Aujourd’hui l’espérance de vie est de 77,3 ans pour les hommes et le nombre des pensionnés augmentent, nous disent les « experts ». Mais ils oublient d’ajouter que le même nombre d’actifs produit quatre, cinq fois plus de richesse qu’il y a vingt ou trente ans. La société produit bien plus de richesses en moins de temps, avec moins de travailleurs, mais cette richesse supplémentaire est intégralement empochée par la classe capitaliste. Les salaires baissent, les pensions se réduisent, seuls les profits augmentent. Voilà le véritable problème !
Et les capitalistes ne se servent même pas de ces profits pour investir dans la production en créant des emplois, ils détournent la richesse créée vers les spéculations financières, catastrophiques pour l’économie et l’emploi. Mais lorsque les banquiers se sont retrouvés en difficulté dans la crise qu’ils avaient eux-mêmes provoquée, le gouvernement a trouvé les milliards qui fallait. Pourquoi ces milliards n’iraient-ils pas vers les pensions ? Ils entraîneraient une augmentation de la consommation et une relance de l’emploi.
Il ne s’agit donc pas d’un problème démographique, mais d’un choix de la classe capitaliste qui impose les règles sociales correspondant à ses seuls intérêts… quand le rapport de force le lui permet, contre les intérêts des travailleurs et de toute la population.
Pour les travailleurs, il s’agit de se préparer à refuser toute nouvelle attaque ouverte ou déguisée contre les pensions et les salaires. C’est leurs profits ou nos pensions.