Manifestation du 22 mai

Lundi 22 mai, 18 000 à 25 000 personnes (selon la police et les syndicats) ont manifesté à Bruxelles à l’appel des syndicats contre le « dumping social » et pour « défendre les libertés syndicales ».

La majorité des manifestants étaient des délégués, permanents ou salariés des appareils syndicaux. La FGTB, sur son site, avait d’ailleurs donné rendez-vous aux seuls « militant.e.s ». 

Cependant, des travailleurs se sont saisis de l’occasion pour exprimer leur mécontentement et soutenir les travailleuses et travailleurs de Delhaize, parfois de leur propre initiative.

C’est en effet la première manifestation « nationale » depuis fin janvier. Mais ce fut une mobilisation tardive, avec des objectifs qui ne répondent pas aux enjeux. Pendant les deux mois où les travailleuses de dizaines de filiales de la chaîne Delhaize se sont mobilisées comme elles le pouvaient, aucun appel à une manifestation nationale n’a vu le jour. Pourtant, bien des militants attendaient un moyen de regrouper les travailleurs éparpillés dans les filiales de la chaîne. 

Cela aurait été un premier pas pour essayer réellement de construire un rapport de force. Ce serait pourtant la seule perspective pour lutter réellement  contre le « dumping social ». Aucun gouvernement, de quelque couleur qu’il soit, ne veut et n’a même la possibilité d’imposer aux capitalistes d’arrêter de mettre en concurrence les travailleurs qu’ils exploitent, ou de les licencier, pour faire plus de profit ! 

Mais voir les travailleurs relever la tête, c’est pour les directions syndicales le risque de se voir dépasser par un mouvement déterminé à faire reculer le patronat, de perdre leur contrôle sur les travailleurs. Par conséquent, la perspective du vote « contre la droite » était la seule perspective réellement proposée en fond de toile des discours en début de manifestation.

Or, les enjeux sont importants, y compris pour les  appareils syndicaux. Oui, dans le contexte de la crise, tous les États évoluent vers des méthodes plus autoritaires et plus répressives. Et l’interdiction des piquets devant les Delhaize par un tribunal, les astreintes distribuées, et la modification de la loi pénale qui restreint le droit de manifester, font partie de l’évolution dans ce sens. La direction de Delhaize montre que l’heure n’est plus à la “concertation”, mais à la guerre sociale. L’augmentation des profits ne peut se faire autrement que par l’intensification de l’exploitation.

Mais les travailleuses et travailleurs qui se sont mobilisés chez Delhaize ont montré aussi qu’ensemble, les travailleurs sont capables de trouver des parades. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une direction qui ne soit pas entravée par les intérêts d’appareils syndicaux bureaucratiques, mais qui pose publiquement le problème du rapport de forces nécessaire face au patronat, et organise les travailleurs pour leur donner le maximum de conscience, d’unité et de détermination dans les luttes à venir.