Lidl : la grève paye

Suite à la grève très suivie chez Lidl, qui a entraîné presque toutes les filiales et a mis à l’arrêt jusqu’à 100 magasins par jour sur les 300 que compte la chaîne, la direction a lâché le renforcement de l’équipe volante et concède de payer 42 heures de travail de plus par semaine et par filiale.

Mais ce que les employé.e.s de Lidl ont gagné surtout, c’est la fierté d’avoir levé la tête. Elles montrent l’exemple !

Témoignages de travailleurs de Lidl aux piquets de grève, samedi 16 octobre.

« Quand tu as fini le rangement des fruits et légumes, c’est comme si tu avais fait deux heures de salle de muscu, mais en beaucoup moins de temps » explique une employée. « On reçoit des bons conseils de tout le monde. La direction préconise 15 minutes d’échauffement le matin… avant de pointer ; le médecin du travail nous ré-explique comment plier les genoux. Ils ne se rendent pas compte ce que c’est de courir en permanence pour faire son travail. ’Tu as déjà fini les rayonnages ? Alors décharge le camion s’il te plait’. Mais un camion, c’est 34 palettes à moi toute seule… Le temps moyen de déchargement d’une palette est passé à 10 minutes, contre 30 auparavant ! Et puis il y a le Bake-Off : la cuisson des pains et viennoiseries. Déballer les surgelés, enfourner les pains, programmer le temps de cuisson et revenir pour les couper et ensacher lorsqu’ils ont refroidi : c’est tout un timing serré qu’il faut gérer parallèlement au réassortiment des rayons, à la caisse, au déchargement des camions sans oublier le nettoyage du magasin et du parking… »

« Les renforts en personnel, promis par la direction après notre mouvement il y a 3 ans, ont été en réalité utilisés non pour nous soulager mais pour augmenter le chiffre d’affaires. Les magasins ont été agrandis et il y a plus de produits qu’auparavant. Sur chaque magasin, la direction ajuste en permanence l’effectif au chiffre d’affaires du moment : s’il baisse, des travailleurs sont renvoyés chez eux pour maintenir la pression sur ceux qui restent. » 

« Chaque travailleur a un compte d’heure, positif ou négatif, que la direction peut ainsi utiliser à sa guise pour atteindre ses objectifs de productivité. Elle veut à présent imposer la géolocalisation des salariés dans chaque magasin par le GPS de leur smartphone pour contrôler nos trajets. »

« Nous en avons toutes et tous vraiment ras-le-bol ! De nombreux collègues en sont malades. Sur 10 000 travailleurs du groupe, il y a un turnover de 1 700 personnes par an ! Et ces chiffres sont déjà dépassés, car cela s’aggrave ! »

Voilà un « assortiment » des méthodes patronales par lequel Lidl exploite les travailleurs pour augmenter ses profits.