Vendredi 10 janvier, le conseil d’Etat a suspendu trois des neufs licences d’exportations d’armes vers les Émirats arabes unis qu’avait accordées à diverses entreprises le ministre-président wallon Dolimont (MR).
La décision du conseil d’État fait suite à une procédure déposée par quatre ONG (La Ligue des droits humains, le CNAPD, Vredesactie et Amnesty international Belgique) qui dénoncent l’engagement des Émirats arabes unis dans plusieurs conflits, comme au Yémen ou au Soudan.
Dolimont doit donc temporairement restreindre l’ambition de son gouvernement de « ne plus pénaliser les industriels wallons dans leurs exportations [d’armes] » quand « l’évolution du contexte géopolitique et de la dynamique de l’économie mondiale offrent des opportunités que la Wallonie doit saisir pleinement », comme l’annonçait cyniquement la Déclaration de Politique Régionale (DPR).
Néanmoins, que les actionnaires de John Cockerill Défense, Sonaca et Bats (les entreprises dont les licences ont été gelées) se rassurent. Le gouvernement wallon a à cœur de garantir leurs sanglants profits : Dolimont promet, comme le DPR avant lui, de bientôt réformer la législation en matière d’exportation d’armes pour la rendre moins contraignante !
Quant aux travailleurs qui s’offusquent légitimement de la destination des exportations d’armes, qu’ils ne se laissent pas berner par la décision du Conseil d’État !
Déjà, les lois de l’État, même actuelles, n’empêchent nullement les marchands d’armes déterminés d’exporter où bon leur semble. Derniers exemples en date, les exportations vers Israël, avec notamment plusieurs tonnes de poudre à canon de l’entreprise KNDS, produite dans la région de Liège, exportées en dépit de l’engagement de la région wallonne de bloquer les exportations d’armes vers Israël.
D’autre part, même lorsque les exportations d’armes se font vers des pays validés par la loi (et donc par la bourgeoisie), ces armes ne peuvent qu’être destinées à imposer par la force la politique d’exploiteurs, et donc, systématiquement, à la répression meurtrière de populations. L’entreprise Bats, par exemple, se vante ouvertement sur son site internet de fournir, en toute légalité, l’État Grec d’un système de contrôle électronique anti-migrant pour ses 40 km de clôtures nouvellement achevées !
Le cynisme de Dolimont, le larbin des marchands de canon, à moins le mérite d’avoir dévoilé l’hypocrisie qui entoure l’exportation d’armes aux Émirats arabes unis, en ayant rappelé que « [les Émirats] est un pays partenaire de l’Otan, (…) la Région [wallonne] y a envoyé des délégations d’entreprises et missions officielles ces dernières années » (donc sous gouvernement socialiste). Il n’y a pas que pour le MR que l’argent n’a pas l’odeur… du sang !