Les travailleurs devront abattre les frontières !

Plus de 500 manifestants se sont rassemblés le vendredi 24 février pour protester contre la situation des centaines de réfugiés condamnés à dormir sur les trottoirs le long du canal de Bruxelles, face à l’Agence Fedasil. Il y a de quoi être révolté devant le mépris pour la dignité humaine dont font preuve les gouvernements. Car si année après année, des centaines de réfugiés se retrouvent dans des campements ou des squats improvisés, si ce sont des habitants ou des associations humanitaires qui  doivent les soigner, leur apporter de la nourriture, les aider, c’est parce que les gouvernements refusent de le faire. Ces réfugiés qui fuient la violence des guerres, des dictatures, de la misère, ils la retrouvent ici, au cœur des pays riches !

Les partis sociaux-chrétiens, socialistes, écolos, qui brandissent leurs valeurs humanistes lorsqu’ils sont dans l’opposition, appliquent une politique inspirée par l’extrême droite lorsqu’ ils sont au gouvernement !

Et cela s’explique. Les gouvernements, quelles que soient leurs couleurs politiques, mènent côte à côte avec le patronat une guerre sociale contre les travailleurs, avec ou sans papiers. Les ministres ont donné satisfaction aux organisations patronales qui réclamaient le blocage des salaires. Et en Belgique, comme en France, le gouvernement veut modifier le régime des pensions pour en réduire encore le montant. Poussés par les organisations patronales, tous les partis se préparent aussi à de nouvelles attaques contre l’assurance maladie, avec une aggravation de la chasse aux malades.

Comme employeurs, les gouvernements imposent la même pression que dans le privé. Les travailleurs des services publics dans leur ensemble voient leurs conditions de travail se dégrader, leurs collègues succomber au burn-out en raison du manque de moyens et de personnel. Mais les administrations des pensions, des impôts ou de l’assurance invalidité inaccessibles, le temps d’attente aux urgences des hôpitaux, les délais pour la consultation de spécialistes, le manque de places dans les crèches, les trains annulés sont tout autant une façon de récupérer sur les besoins de la population laborieuse de quoi subventionner les entreprises, à commencer par les grands groupes capitalistes qui engrangent des profits records.

Et chaque travailleur fait l’expérience qu’il est entouré d’institutions hostiles, que le médecin-conseil de la mutuelle, le conseiller du Forem, l’agent traitant de l’Onem se relayent pour le contrôler, le menacer, le sanctionner. Ce sont des politiques souvent décidées par des ministres socialistes qui jouent aux rabatteurs pour des patrons sans scrupules qui pressurent les travailleurs avant de les mettre au chômage. 

Alors, la politique impitoyable à l’égard des réfugiés est un message à l’intention de tous les travailleurs : « n’attendez rien des gouvernements ! ». C’est également un moyen d’assurer aux patrons des travailleurs privés de tous droits, à qui ils imposent les salaires les plus bas, les travaux les plus durs, dans la construction, la boucherie industrielle, l’hôtellerie.

 Les crises qui s’enchaînent, la baisse des salaires et l’appauvrissement général, les menaces de guerres montrent que le capitalisme réserve à tous les peuples le même avenir, la même plongée dans la barbarie. Les frontières n’ont jamais protégé les travailleurs. Au contraire, depuis le début du capitalisme, ils ont toujours été une classe sociale de migrants. Au 19ème siècle, ils ont dû émigrer des campagnes pour chercher du travail dans les villes où ils étaient parqués dans des conditions ignobles. Bien des travailleurs belges et européens ont un parent parti aux USA dans l’espoir d’un emploi et d’un avenir meilleur. Depuis, cela a été le tour d’autres travailleurs venus d’Italie, d’Espagne, du Maroc, de Pologne, de Syrie, du Congo…

Dans les usines, sur les routes, les chantiers de construction, se retrouvent des travailleurs venus de tous les continents. Et c’est pourquoi lorsque la classe ouvrière relève la tête et combat l’exploitation et la misère, ses luttes prennent toujours une dimension internationale qui lui donne sa force. Et les combattants les plus déterminés du monde du travail sont toujours sortis des rangs des réfugiés et immigrés les plus récents, les  plus exploités. Alors dans les grèves actuelles, chez Mestdagh, chez Ryanair, contre la précarité et les baisses de salaires, les liens qui se nouent entre collègues de toutes les nationalités, de toutes les religions, de toutes les origines, sont un gage précieux pour les luttes qu’il faudra mener en commun contre les patrons et les gouvernements à la botte d’un système capitaliste absurde et injuste !