Les prisonniers du capitalisme

Voilà des années que les prisons en Belgique font face à un manque de personnel et à une surpopulation carcérale qui rend la situation infernale tant pour les gardiens que pour les détenus. Aujourd’hui, le taux d’occupation dépasse de 15% la capacité d’accueil. Résultat : des prisonniers dorment sur un matelas à même le sol, d’autres se retrouvent à 3 dans des cellules de 9 m2. Et le problème dépasse de loin le nombre de places.

La promiscuité des prisonniers augmente les conflits, et donc les agressions entre prisonniers et envers le personnel. Les sanitaires ne sont pas adaptés : des toilettes sans paravent empêchent la moindre intimité et entraînent des problèmes intestinaux. Le manque d’hygiène, l’humidité et le nombre trop élevé de détenus par cellule causent une hausse des maladies, ce qui se répercute ensuite sur la durée de vie des prisonniers… et du personnel.

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En mars, des prisons en Flandre ont même refusé d’accepter de nouveaux détenus. Celle de Haren au nord de Bruxelles aussi. Mais les prisonniers redirigés vers les prisons de Wallonie ne trouvent pas plus de places ! 

Cela entraîne des déplacements permanents et des complications qui augmentent la charge de travail alors que les gardiens ne sont déjà pas assez nombreux. Ce qui à son tour augmente la surpopulation.

Et le problème ne date pas d’hier. Déjà en 2019, la prison de Saint Gilles à Bruxelles comptait 900 détenus pour 500 places. Rien n’a été fait pour trouver des solutions. Au contraire, depuis septembre 2022, les peines de 2 à 3 ans qui pouvaient auparavant être purgées sous bracelet électronique doivent être purgées en prison. Et depuis septembre 2023, c’est aussi le cas pour celles comprises entre 6 mois à 2 ans. Beaucoup de prisonniers sont d’ailleurs des prisonniers économiques (qui ont fait un accroc à la propriété privée) et des malades mentaux, relégués dans les prisons par désinvestissement dans les hôpitaux psychiatriques.

Alors depuis début 2024, les travailleurs des prisons ont fait grève à de nombreuses reprises pour dénoncer cette situation intenable. 

Mais en réaction, le 28 mars dernier, le ministre de la justice Van Tigchelt a imposé au personnel pénitentiaire un service minimum dès le déclenchement d’une grève. 

Le service minimum existait déjà mais était imposé 48h après le début d’une grève. Les gardiens de prison se retrouvent donc forcés de venir travailler en équipe réduite alors qu’ils font justement grève pour dénoncer le manque de personnel ! 

Début avril, 9 gardiens de la prison de Marneffe ont ainsi été réquisitionnés de force alors qu’ils faisaient grève. 

En réalité, en imposant ce service minimum, le ministre suit la tendance générale des patrons et des gouvernements à imposer un service minimum afin de tenter d’empêcher les grèves. Se sentant tout permis, le patronat impose ainsi aux détenus et à leurs gardiens cette situation infernale… Et les gardiens finissent par subir les mêmes peines que les prisonniers.