A l’occasion de la grève du rail, les cheminots ont été l‘objet d’une campagne de dénigrement, les dépeignant comme des privilégiés ayant beaucoup de congés et qui refuseraient de travailler 2 jours de plus.
C’est tout le mépris de la classe bourgeoise qui s’étalait sur les pages des journaux et qui dégoulinait des postes de télévision, alors qu’elle ne doit ses richesses qu’au travail des salariés.
L’enjeu est bien plus grand que deux jours de congé. 7 000 emplois sont appelés à disparaître par le non-remplacement des départs en pension, une économie de 20%. Ces mesures ne rendront certainement pas les chemins de fer plus efficaces pour les usagers, mais visent à les rendre plus rentables pour de futurs actionnaires privés.
Mais même s’il ne s’agissait « que » de deux jours de congé, pourquoi les supprimer ? Pourquoi faut-il travailler toujours plus, alors que le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter ?! Cette organisation du travail où les uns croupissent au chômage tandis que les autres se tuent au travail est irrationnelle et inacceptable, sa seule raison c’est le profit. C’est en faisant faire le travail par moins de travailleurs moins payés que les capitalistes ont augmenté leurs profits. Des profits tellement importants qu’ils ne savent même plus quoi en faire, à part des spéculations financières catastrophiques.
Les cheminots ont raison de ne pas se laisser faire ! Beaucoup ne se sont pas laissé freiner par la division et la lâcheté des directions syndicales plus attachées à leurs places d’administrateurs qu’aux intérêts des travailleurs. En Flandre où les directions des principaux syndicats ont abandonné la grève, 30% des trains n’ont pas pu rouler.
Le patronat et le gouvernement à son service prévoient aussi d’importantes attaques contre le droit de grève. L’accord de gouvernement prévoit la réquisition de cheminots pour assurer un service minimum en cas de grève, avec le but affiché d’affaiblir la grève. Certains voudraient limiter les possibilités d’appel à la grève des syndicats et sanctionner les cheminots qui feraient grève sans y avoir été appelés par un syndicat.
Il serait naïf de croire que de telles mesures restrictives, une fois passées, se limiteraient à la SNCB. Une commission parlementaire penche en ce moment sur une nouvelle loi pour restreindre le droit de grève.
Ah oui, ceux qui gouvernent et ceux qui encaissent les profits voudraient que les travailleurs se laissent faire sans broncher : accepter que leurs salaires, pensions et allocations de chômage baissent, accepter que leur emploi dont dépend toute leur vie, soit sacrifié pour augmenter les dividendes des actionnaires, et en plus accepter de payer la dette des banquiers et des grands actionnaires…
Mais rien n’empêchera les explosions de colère sociale de se produire tôt ou tard.
La classe capitaliste, le gouvernement et les médias à son service reculent ce moment en semant la division, entre le public et le privé, les travailleurs avec ou sans statut, sous CDI ou intérimaire, de telle origine ou de telle autre. Et tout est fait pour monter l’opinion publique contre l’idée même de se défendre collectivement.
Or, les attaques contre les cheminots sont les mêmes que celles subies par tous les travailleurs : des ouvriers dans les usines jusqu’aux employés des banques, du personnel des hôpitaux à celui des écoles et des employés des communes. Et tout recul imposé à une catégorie de travailleurs encourage la classe capitaliste à de nouvelles attaques contre d’autres.
C’est pour ça, que la lutte d’une catégorie de travailleurs doit devenir celle de tous. C’est ensemble que les travailleurs pourront imposer qu’on répartisse le travail entre tous avec maintien du salaire. Une mesure qui, avec l’interdiction des licenciements, est seule à même de vraiment résoudre le problème du chômage qui gangrène toute la société, et qui garantira aussi le personnel nécessaire aux services publics.
C’est ensemble qu’ils peuvent imposer le contrôle sur les comptes des entreprises privées et les banques. Ce qui permettra non seulement de se rendre compte qu’il y a l’argent pour maintenir tous les emplois, mais aussi de mesurer l’ampleur du siphonage des budgets des services publics par des sociétés privées.
Alors oui, les luttes collectives restent le seul moyen pour les travailleurs de défendre leurs intérêts fondamentaux, et le seul moyen de changer cette société capitaliste barbare.