De nombreux délégués syndicaux ont été indignés de découvrir dans la presse que les dirigeants des syndicats ont signé, avec les organisations patronales, un accord qui entérine la fin du régime de chômage avec complément d’entreprise (RCC).
Ils se justifient en faisant confiance aux organisations patronales pour convaincre le gouvernement Arizona de ne pas remettre en cause les accords de RCC existants et ceux qui seraient conclus avant juin. Faire confiance à ceux qui organisent les licenciements !
Dirigeants patronaux et syndicaux demandent également au ministre de l’économie Clarinval (MR) que l’administration fédérale soit moins regardante pour la conclusion de CCT 90, dont dépend l’octroi de primes par les employeurs. Espérer que les patrons ne respectent pas trop la loi, voilà tout ce que ces dirigeants des syndicats proposent pour défendre le pouvoir d’achat !
Le ministre Clarinval explique lui-même la préoccupation qui guide ces dirigeants qui sont à la tête des syndicats pour s’entendre avec les patrons : « Je prends acte avec beaucoup d’intérêt », dit le ministre, « de l’accord intervenu au sein du Groupe des Dix, qui rassemble les représentants des partenaires sociaux. La concertation sociale demeure un levier essentiel pour garantir des solutions équilibrées et adaptées aux défis du marché du travail, dans un esprit de dialogue et de responsabilité partagée. ».
Les patrons ont licencié des dizaines de milliers de travailleurs pour augmenter leurs profits. Ils organisent des faillites bidons pour ne pas payer d’indemnités de licenciements. Ils font payer leurs salariés par l’ONEM par le recours au chômage économique. Et c’est avec eux que les dirigeants à la tête des syndicats tiennent à « un esprit de dialogue et de responsabilité partagée » ! Comment les travailleurs peuvent-ils « concerter » leurs factures et leurs loyers ? En les envoyant aux patrons pour les leur faire payer ?
RCC, prépensions : la carotte au bout du bâton
Le régime des prépensions a été mis en place dans les années 1980 pour permettre aux patrons de la sidérurgie de supprimer des dizaines de milliers d’emplois sans provoquer de révoltes.
À l’époque, de nombreux sidérurgistes ont pu arrêter de travailler à partir de 48 ans. Mais depuis, la rouille ronge les restes des usines sidérurgiques qui ont fermé et livré des régions entières au chômage.
Puis, en 2012, le gouvernement Di Rupo a remplacé les prépensions par le régime de chômage avec complément d’entreprise, dans lequel les travailleurs devaient rester disponibles sur le marché du travail.
Au lieu d’essayer d’organiser les travailleurs dans des luttes communes pour travailler moins en répartissant le travail entre tous, avec des semaines de travail moins longues et des carrières plus courtes, les directions des syndicats ont laissé les patrons diviser les travailleurs entre ceux qui espéraient la prépension et les plus jeunes qui craignaient le chômage.
À présent, les patrons estiment qu’il n’est plus nécessaire de négocier et qu’ils peuvent licencier comme bon leur semble. Mais les travailleurs devront trouver un moyen de défendre leur peau !