Le pacte pour la compétitivité: Derrière la duperie de bas étage, des attaques réelles sur les salaires

Le gouvernement fédéral a annoncé avoir trouvé un accord sur un « pacte pour la compétitivité et l’emploi ». Il fait suite à des mois et des mois de pressions du côté patronal pour diminuer le soi-disant « handicap salarial », entendez : pour baisser les salaires.

Et voilà que tout d’un coup, à en croire les déclarations du gouvernement, nous aurons au contraire une baisse de la TVA sur l’électricité. Cette baisse du taux, de 21% actuellement à 6%, dès avril 2014, représenterait une augmentation du pouvoir d’achat de 96 € par an, en moyenne, selon les ministres.

Qu’on paye 21% de TVA sur l’énergie qui est un bien de première nécessité, et cela même si on est pensionné ou chômeur survivant à la limite du seuil de pauvreté, c’est en effet un scandale. Comme toute la TVA d’ailleurs, car c’est l’impôt le plus injuste que même les plus pauvres payent en achetant leur pain.

Mais si l’emballage du pacte est censé séduire les salariés, le cadeau sera pour les patrons.

Car les salaires baisseront, à commencer par les salaires indirects. Les patrons payeront en effet 1,3 milliards d’euros en moins à la sécurité sociale. Un nouveau manque à gagner pour la sécurité sociale qui s’ajoutera aux 11 milliards que les patrons ne payent déjà pas, suite à toutes les mesures antérieures du même genre. Or, la sécurité sociale constitue une part du salaire, bien que différée. Ce sont par exemple les pensions, les allocations de chômage, les soins de santé en cas de maladie ou d’accident de travail.

Le gouvernement qui a diminué les budgets dans tous ces domaines – réductions des pensions, mesures d’économie drastiques dans les soins de santé, diminution des allocations de chômage – promet que les montants dont dispose la sécurité sociale ne diminueront pas, qu’elle serait alimentée par un « financement alternatif », notamment par les rentrées de la TVA…

Bref, « l’alternative » aux cotisations payées par les patrons pour les travailleurs, sous forme de salaire indirect, c’est de faire payer les travailleurs via les impôts sur leurs salaires directs…

Mais la duperie va plus loin encore. Ainsi, le ministre VLD Alexander De Croo n’a pas pu s’empêcher de se réjouir publiquement que le pacte permettra une « pause de l’index » d’au moins deux ans. En effet, le poste énergie devenant moins cher (si les certificats verts de font pas exploser les factures), la prochaine indexation pourra intervenir plus tard et les salaires resteront gelés au moins deux ans de plus. Ceci d’autant plus que le gouvernement a déjà prévu une nouvelle modification du calcul de l’index pour janvier 2014, tenant compte des prix promotionnels et des soldes, des produits blancs… bref de tout ce qui pourra faire baisser l’index et éviter d’adapter les salaires à la hausse réelle des prix, notamment pour les logements, les assurances, les carburants, les frais de scolarités…

Alors, non, ce gouvernement ne mène pas une politique « socialement équilibrée », comme il le prétend. Et aucun travailleur conscient ne peut avoir cette illusion.

Une telle politique « socialement équilibrée » n’est tout simplement pas possible dans le cadre du capitalisme où une minorité s’enrichit démesurément en accaparant une grande partie de la richesse créée par l’ensemble des travailleurs. Si, à certaines rares périodes, comme dans les années 60 ou 70, les salaires ont augmenté, c’était bien moins que l’augmentation globale des richesses produites. Mais dans le contexte de la crise actuelle, les capitalistes sont plus que jamais décidés de faire payer les travailleurs pour maintenir leurs profits ! Et ils pourront compter sur tous les gouvernements pour ce faire : nationaux, régionaux, communaux, européens, de droite ou de gauche, par les jeux de dupes ou la matraque (et généralement les deux), avec ou sans consultation des syndicats, avec ou sans élections…

Il n’y a qu’une chose qui les fera reculer : la mobilisation collective des travailleurs décidés à arracher leur dû, décidés à faire payer les capitalistes et les riches.

Ce sont les travailleurs qui produisent toutes les richesses dans cette société, qui font tout fonctionner. Ce ne sont pas eux qui ont plongé le monde dans la crise, qui ferment les entreprises parce que cela rapporte plus… Et les travailleurs devraient accepter les licenciements et des baisses des salaires, pour permettre aux capitalistes de continuer à faire des profits et de spéculer ? Il ne peut en être question. Alors non aux licenciements, aux baisses des salaires et à l’austérité, aux capitalistes de prendre sur leurs profits pour maintenir nos emplois et nos salaires !