Lors de son discours devant l’assemblée générale de l’ONU, Charles Michel s’est essayé au rôle d’apôtre de la paix et de l’amour entre les peuples, allant même jusqu’à citer Gandhi.
Mais la non-violence de Gandhi n’a pas empêché l’empire britannique d’affamer et de massacrer des millions d’Indiens. De même, ce pacifisme verbal n’empêche pas la Belgique d’augmenter son budget militaire comme le lui demande son allié américain.Et les 34 nouveaux avions de chasse dont elle se dote sont destinés à participer aux bombardements, actuels et à venir, décidés par le gouvernement des États-Unis.
Après Ben Laden, après l’Irak et ses « armes de destruction massive », après l’État islamique, c’est maintenant au tour de Kim Jong-un,et ses essais nucléaires, d’être désigné au rôle du méchant qui menace l’humanité.
Certes, cette dictature nord-coréenne n’a rien pour plaire – et certainement rien à voir avec le communisme – mais des dictateurs, il y en a bien d’autres avec lesquels les gouvernements américain et belge collaborent. La véritable menace n’est pas là où on veut nous le faire croire.
La dictature nord-coréenne est le résultat direct de l’embargo que le gouvernement des États-Unis impose à ce pays depuis 1953. Quand Trump accuse Kim Jong-un d’affamer son peuple, le cynisme est à son comble. Et pour ce qui est de la menace nucléaire, jusqu’à présent, la seule qui a utilisé des armes nucléaires, c’est l’armée des États-Unis.
Pour Kim Jong-un, les essais nucléaires constituent bien plus une monnaie d’échange dans les négociations avec les USA qu’une préparation à une offensive. Dans une attaque contre un de ses voisins, voire contre les États-Unis, la dictature Nord-Coréenne aurait tout à perdre.
La guerre n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant et derrière la surenchère guerrière verbale entre Trump et Kim Jong-un, les rapports diplomatiques continuent dansl’ombre. Mais en faisant de la surenchère avec la Corée du Nord, les dirigeants des États-Unis veulent faire pression indirectement sur leurs alliés dans la région.
Il s’agit de justifier le maintien de bases militaires américaines au Japon ou encore d’imposer la construction d’un bouclier antimissile en Corée du Sud et d’en faire porter le coût à la population de ce pays. Il s’agit de faire pression sur la Chine qui revendique le contrôle d’une partie de la mer et de routes maritimes actuellement sous le contrôle du Japon. En un mot, il s’agit de maintenir la domination des États-Unis sur la région. Il s’agit aussi de justifier aux yeux de la population américaine les budgets militaires monstrueux qui sont autant de cadeaux à l’industrie d’armement des États-Unis.
Ainsi, tandis que le ton guerrier de Trump permet à Kim Jong-un de maintenir les Nord-Coréens sous le joug de la dictature sous prétexte de menaces extérieures, les provocations de Kim Jong-un servent le jeu de l’impérialisme américain. Et c’est bien de ce côté que se trouve la vraie menace.
Oui, les tensions augmentent. Elles augmentent dans le contexte de la crise économique qui s’aggrave et qui exacerbe les rivalités entre les grands groupes capitalistes. Ainsi, la Corée du Sud est certes un allié des États-Unis, au point qu’on n’entend jamais critiquer le régime militaire très répressif de ce pays, mais un groupe coréen comme Samsung est aussi un rival du groupe américain Apple. Et certes, la Chine est un immense atelier à la main-d’œuvre bon marché pour toutes les grandes entreprises occidentales, mais les gouvernements américain et européens tentent de freiner les visées expansionnistes de la Chine.
Le système capitaliste, où une minorité de milliardaires à la tête des grandes entreprises et des banques imposent leur domination au monde entier, ne peut se maintenir que par la force des armes. Dans cette économie absurde basée sur la concurrence et la recherche du profit à tout prix, la guerre commerciale peut à tout moment se transformer en guerre tout court. Ce système a déjà engendré deux guerres mondiales. La dernière, conséquence de la grande crise de 1929, s’est terminée par les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.
Dans l’aggravation à venir de la crise capitaliste, les apôtres de la paix à la Charles Michel se transformeront en lieutenants de la guerre impérialiste. Pour que l’humanité connaisse la paix, il faut la débarrasser du capitalisme qui « porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », comme disait le socialiste Jean Jaurès assassiné à la veille de la première guerre mondiale.