Une lectrice, qui a travaillé un peu dans le secteur social et beaucoup dans le secteur culturel, tenait à participer au rassemblement syndical pour dénoncer les économies faites dans les services publics.
Elle a eu affaire aux limites toujours plus grandes qui sont mises à la liberté d’expression en Belgique :
« Après avoir participé aux piquets de grève place de la monnaie au centre-ville, celui des artistes et celui des travailleuses de chez Hema et des autres magasins de la rue neuve, je me suis posée avec une amie sur les marches à l’arrière du bâtiment de la Bourse, pour manger une frite de gréviste au soleil.
Nous avions bien évidemment mis la pancarte à côté de nous afin que les passants puissent la lire.
Une voiture de police passe, ils nous prennent en photo et viennent nous voir. Ils nous demandent si nous participons à une manifestation, nous disons que nous en venons.
Ils nous demandent alors de plier notre pancarte et de la cacher. Ils nous informent que nous pouvons seulement l’afficher sur un piquet de grève ou dans une manifestation officielle, c’est-à-dire déclarée à la commune (ils nous expliquent d’ailleurs comment introduire une demande de manifestation).
Ils continuent sans rire en nous expliquant qu’afficher notre pancarte pourrait entraîner une manifestation spontanée, donc illégale ! Après une vive discussion, nous retournons notre pancarte. Et là, ils nous demandent nos papiers d’identité, nous refusons et demandons ce qu’ils comptent en faire. Ils répondent alors que nous ne pouvons pas refuser sous peine de détention administrative.
Au final, ils ont pris une photo de la pancarte et ont gardé nos identités « au cas où une manifestation spontanée serait déclenchée par notre message. » Alors, c’est ça, nous voilà photographiées, identifiées et répertoriées dans un fichier de police ?!
Lequel ? Un fichier de personnes « potentiellement dangereuses » ?! »