Il y a deux semaines, la direction d’ArcelorMittal annonçait la fermeture de la phase à chaud à Liège. Cela représente la suppression de près de 600 emplois directs. Les salaires dont vivent de milliers d’autres familles de travailleurs dans les entreprises de sous-traitance ou liées à la production et du transport de l’acier sont menacés, toute une région en fait.
Mais ce n’est pas seulement la région de Liège qui est frappée et pas seulement la sidérurgie.
ArcelorMittal n’est pas la seule grande entreprise profitable qui annonce des licenciements. La semaine suivante, c’était au tour de Philips d’annoncer 4 500 suppressions d’emplois en Europe, puis le groupe PSA (Peugeot/Citroën) avec 6 000 suppressions, Novartis 2 000, etc. Et sans parler des licenciements plus éparpillés, comme pour les 180 travailleurs chez FBCB à Dessel, une filiale d’Areva
Ces grandes entreprises ne sont pourtant pas en difficulté : Arcelor a engrangé 2,9 milliards de bénéfices en 2010. Les profits de Philips s’élèvent à 1,42 milliards, ceux de PSA à 1,13 milliards, Areva 883 millions.
Ces entreprises ont largement les moyens de maintenir tous ces emplois. Mais les capitalistes préservent d’abord leurs gras dividendes. Faire travailler moins de travailleurs, mais les faire travailler plus, regrouper leur production sur moins de sites, voilà comment les grandes entreprises comptent continuer à faire des profits, même si les ventes devaient diminuer.
Après s’être lourdement endettés pour soutenir leurs banques et les grandes entreprises, tous les Etats ont annoncé des politiques d’austérité drastiques. En plus des entreprises, les Etats ont eux-mêmes supprimé des postes dans la fonction publique, augmenté les impôts, diminué les retraites, les allocations familiales, l’assurance maladie.
La conséquence en est que les revenus de millions de familles ont diminué. Et aujourd’hui il n’y a plus beaucoup de gens en Grèce, en Espagne, en Irlande ou au Portugal qui peuvent envisager de payer des études coûteuses à leurs enfants, ou bien l’achat d’une voiture, d’une nouvelle télé ou de remplacer le toit de leur maison.
Les entreprises comme ArcelorMittal anticipent sur ces baisses de vente en envoyant au chômage les travailleurs qui les ont enrichis pendant des années, avant même que leurs ventes ne reculent.
Ces licenciements qui n’ont pour unique raison de préserver les profits élevés des actionnaires, ne concernent pas seulement les familles qui vivent de ces salaires, ils concernent tous les travailleurs. Car cette augmentation du chômage ne pourra qu’entraîner d’autres licenciements dans d’autres entreprises et d’autres secteurs. Et les artisans comme les commerçants en subiront aussi les conséquences.
C’est l’ensemble de la classe ouvrière qui est attaquée et c’est ensemble que nous devons nous défendre.
Les dirigeants syndicaux à Liège réclament la nationalisation d’ArcelorMittal. Face à l’irresponsabilité de la classe capitaliste, prête à fermer des usines pourtant utiles, juste parce qu’ils veulent qu’elles rapportent un peu plus, il faudra certainement en arriver à réquisitionner ces entreprises, et sans indemniser les actionnaires !
Mais sans la mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière, sans le rapport de force nécessaire, que peut donner une telle nationalisation ? Ce ne serait pas la première fois que l’Etat entreprend les restructurations et les licenciements pour recéder l’entreprise aux actionnaires privés dès qu’elle est à nouveau rentable. C’est cela que le gouvernement se propose de faire chez Dexia. Il n’y a que les capitalistes qui y gagnent.
Mais les travailleurs ont les moyens d’arrêter cette spirale infernale, à condition de se battre collectivement et pour leurs propres intérêts fondamentaux.
Aucun travailleur – qu’il travaille dans une grande ou une petite entreprise – ne doit perdre son emploi ou son salaire. La production diminue ? Il faut partager le travail entre tous, sans perte de salaire. L’argent pour ce faire existe.
Les dirigeants des entreprises prétendent que les licenciements sont nécessaires ? Qu’ils le prouvent en montrant leurs comptes, ceux des entreprises et ceux de leurs dirigeants et propriétaires ! Les travailleurs doivent pouvoir contrôler les comptes et tout ce qui se passe dans les conseils d’administrations pour que les actionnaires comme ceux d’ArcelorMittal ne puissent plus les mettre devant des faits accomplis.
C’est déterminés et mobilisés autour de leurs intérêts fondamentaux communs, que les travailleurs peuvent développer le rapport de force nécessaire pour exproprier les capitalistes et diriger l’économie. C’est alors que l’économie pourra fonctionner pour le besoin de tous et non plus pour les profits de quelques uns.