Il faut prendre sur les profits pour augmenter nos salaires, pensions, allocations…

Loyers, assurances, gaz et électricité, légumes… les prix sont repartis à la hausse. Et à 1,60 € le litre d’essence, le fait même de se rendre au travail crée de véritables trous dans le budget de beaucoup de travailleurs.

Après les licenciements, le chômage économique et l’aggravation des conditions de travail, la hausse des prix vient aggraver les difficultés des familles de travailleurs.

Mais pendant que les travailleurs subissent la crise, les grandes banques et entreprises ont renoué avec les profits. Comme avant la crise, ces entreprises ont reçu des milliards d’argent public pour leur éviter la faillite, et leurs dirigeants qui nous parlent de rigueur, d’efforts supplémentaires à fournir, qui imposent les contrats précaires avec des salaires au rabais, affichent aujourd’hui des rémunérations bien grasses et souvent en hausse considérable.

C’est un spectacle révoltant que celui de Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, empochant 3,1 millions d’euros, pendant qu’Electrabel, filiale de l’entreprise qu’il dirige, augmente les factures d’électricité au point que des dizaines de milliers familles sont réduites aux « compteurs sociaux », rien qu’en Flandre. C’est révoltant, de voir Pierre Mariani, dirigeant de Dexia, gagner 1,9 millions d’euros, alors que l’Etat a dû débourser 1 milliard d’euros pour sauver Dexia et que cette même banque a étranglé de nombreuses communes. C’est révoltant de voir le PDG de Delhaize gagner 123 fois plus qu’une caissière.

C’est trop gros. C’est pourquoi, dans le monde politique, on s’indigne en chœur sur les bonus et les rémunérations des dirigeants d’entreprises. Le PS a même déposé un projet de loi – qui a peu de chances d’aboutir – qui vise à limiter l’écart de rémunération entre les dirigeants d’entreprises et les salariés de base à 1 à 20.

En vérité il s’agit là d’une manière bon marché de s’indigner. Car elle n’empêche pas les mêmes politiciens qui s’indignent d’entériner le soi disant « accord » interprofessionnel qui prévoit une « hausse » des salaires de 0,3% dans 2 ans ! Le projet de loi du PS ne prévoit aucune obligation d’augmenter les salaires des travailleurs. Alors même si cette loi aboutissait et était respectée, en quoi le fait que son pdg gagne un peu moins  aiderait-il la caissière de Delhaize à payer ses factures, si son salaire à elle reste le même ? Cette loi ne vise qu’à camoufler les aspects les plus visibles et les plus choquants des inégalités croissantes et de plus en plus insupportables dans la société capitaliste. Mais elle ne propose aucunement aux travailleurs de réclamer leur dû.

Pourtant, si de telles rémunérations sont possibles, c’est que les profits et les gains pour les actionnaires sont encore bien plus importants. Ainsi, d’après le magazine Forbes, Albert Frère, une des plus grandes fortunes de Belgique, a augmenté sa fortune de 500 millions d’euros en 2010. C’est 169 fois plus que la rémunération du PDG de Delhaize et … 20833 fois plus que le salaire d’une caissière.

La fortune estimée de la famille Spoelberch, actionnaire principal d’AB Inbev, était quant à elle de 13,7 milliards en 2009, en augmentation de 1050% en 9 ans. Les 7,69 millions d’euros que Carlos Brito, l’arrogant PDG du groupe, a gagnés ne représentent que 0,07% du profit du groupe en 2010.

Oui, de l’argent, il y en a, dans les caisses des capitalistes, et c’est notre argent, amassé sur notre travail et notre sueur. Non, les travailleurs ne doivent pas et ne peuvent pas se limiter à l’indignation sur les salaires des patrons. Quand les prix augmentent, les salaires, les pensions, les allocations doivent suivre. Il faut rétablir une vraie indexation des salaires, en réintroduisant les prix des carburants et des assurances qui ne sont plus pris en compte pour son calcul. Il faut que le loyer, l’électricité et le chauffage comptent en fonction de ce qu’ils pèsent dans un budget de travailleur.

Tout cela est possible et n’écornerait qu’un tout petit peu les énormes profits empochés par les actionnaires. Certes, face aux paroles moralisatrices des politiciens ou des dirigeants syndicalistes sur les bonus des dirigeants capitalistes, ces mêmes dirigeants arborent au mieux un sourire moqueur pour ensuite continuer comme avant. Les patrons, les actionnaires, les grandes familles s’en moquent. Mais devant les luttes des travailleurs qui font fonctionner leurs entreprises et qui sont à la base de leur fortune, les capitalistes devront craindre pour leurs profits et même pour leur propriété et leur pouvoir. C’est la seule chose qui les fera reculer. C’est ces luttes qu’il nous faut préparer !