Une grande partie du personnel de cabine de Ryanair a décidé de faire grève pendant trois jours pour protester contre les conditions de travail imposées, au mépris des réglementations du travail et surtout de la dignité des travailleurs.
Ceux qui avaient déjà vécu la grève internationale de la compagnie en 2018 ont pu transmettre leur expérience aux nouveaux, dans une entreprise qui garde ses employés six mois en moyenne. Pour ces derniers, c’était la première grève de leur vie. S’ils étaient un peu anxieux le premier jour, ils ont pris confiance en se rassemblant dans le hall de l’aéroport de Charleroi et sont restés plus longtemps que prévu dans une ambiance bon enfant.
Ils dénoncent des conditions de travail indignes : attendre dans l’aéroport, prêts à partir, sans être payés ; ne pas recevoir d’eau pendant des vols de plusieurs heures et être obligés d’acheter des bouteilles aux prix passagers ; des réunions après chaque vol qui servent principalement à faire pression pour vendre plus de produits pendant le trajet, etc… Le tout pour un salaire misérable, en dessous du salaire minimum.
Et aussi des erreurs de salaires ! Les travailleurs doivent devenir leurs propres comptables, vérifier les fiches de salaires et les cotisations, et même l’encodage des maladies longues durée auprès de la mutuelle, les erreurs étant innombrables… Erreurs qui sont évidemment toujours au détriment du personnel.
Pourtant les subsides et profits dégoulinent. Pour justifier les baisses de moyens, Ryanair utilise le prétexte de la pandémie ou de la guerre en Ukraine. Mais les travailleurs savent très bien que les profits de l’entreprise ont été mirobolants en 2020, atteignant le milliard d’euros. En plus, Ryanair et l’aéroport de Charleroi ont déjà bénéficié de dizaines de millions d’euros de subventions.
Encore une fois, sous prétexte de compétitivité, l’État arrose grassement les actionnaires jamais rassasiés.
Alors, à force de pressurer les travailleurs, la direction se prend un retour du bâton bien mérité.
Les dizaines de vols annulés chaque jour sont autant de manque à gagner pour les actionnaires, même s’ils essaient de le faire payer aux passagers en continuant à vendre les billets des vols annulés.
Le patron, face à la combativité des travailleurs, leur a servi la soupe habituelle, dénonçant la grève comme « irresponsable » et rendant la Belgique moins « attractive ».
Il espérait continuer à balader les travailleurs de négociation en négociation tout en aggravant un peu plus leur situation sous prétexte de crise.
Alors face aux attaques qui pleuvent, et face au constat que l’État ne fera rien pour les aider, les travailleurs de Ryanair ont eu bien raison de relever la tête en se mettant en grève.