Débrayage des intérimaires chez Audi à Bruxelles

Jeudi 14 avril, quelques 200 intérimaires de la chaîne de montage ont débrayé. Pendant 6 heures, la chaîne était à l’arrêt, et seulement 13 voitures sur les 130 prévues ont été produites.

Beaucoup d’intérimaires sont là depuis bientôt trois ans, parfois plus. Normalement, Audi signe des CDI après trois ans d’intérim. Mais dans le contexte de la crise, la direction n’en signe plus aucun et balade les syndicats de réunion en réunion.

Mais pour les intérimaires qui sont sur les postes les plus durs, le CDI c’est la perspective d’avoir quelques droits pour refuser de se faire abîmer la santé. Alors, la dernière réunion qui n’a rien donné était la goutte qui fait déborder le vase.

Le manager s’est retranché derrière la direction allemande qui refuse de donner des contrats. Comme cela n’a pas eu d’effet, il a fait du chantage : « en Allemagne, ils ne seront pas contents. Ils ne vont pas nous donner le modèle ».

Mais les ouvriers, assis par terre, ne se sont pas laissé impressionner. La grève n’était soutenue que par deux délégués. Mais les intérimaires ne comptaient pas trop sur l’ensemble des délégués : « ils ne vivent pas notre vie, alors comment tu veux qu’ils nous représentent ? »

Aussi, quand le directeur a demandé de lui envoyer trois « représentants » pour négocier, il s’est entendu répondre : « nous sommes tous nos représentants ». Et il a dû s’adresser aux intérimaires directement, dans l’atelier.

La direction s’est alors tournée contre l’agence d’intérim Start­People qui a son bureau de recrutement dans l’usine même. Audi a fait venir un huissier pour constater l’arrêt de travail en vue de réclamer à StartPeople des dommages et intérêts pour les voitures non produites. L’agence est-elle censée livrer des ouvriers qui produisent quoi qu’il en coûte ? 

Les intérimaires ont reçu un questionnaire de l’agence d’intérim leur demandant quoi améliorer… Le problème est juste que la seule vraie question n’y était pas : il faut des contrats ! 

Est-ce que la direction passera aux sanctions, au licenciement de ceux qu’elle tient pour les « meneurs » ? C’est possible. Mais il est possible aussi que les ouvriers, fiers d’avoir relevé la tête, trouvent les moyens d’y répondre collectivement, avec le soutien des autres travailleurs de l’usine qui ne manquent pas non plus de raisons d’être en colère.