Durant la crise sanitaire, la direction avait promis aux 700 travailleurs de l’usine AGC de Moustier une prime de productivité de 300 euros par trimestre en échange de la poursuite de la production, de plus de flexibilité et même d’heures supplémentaires.
Mais mi-mars, la direction a annoncé qu’elle ne verserait pas la prime, même si les objectifs avaient été atteints, sous prétexte que les travailleurs devaient se montrer solidaires avec l’usine AGC de Fleurus qui fermera en 2023. Au passage, elle a aussi supprimé la gratuité de franchise de l’assurance hospitalisation des travailleurs. Cette fois, la coupe était pleine.
Les travailleurs en ont eu ras-le-bol que les sacrifices soient toujours pour eux, car ils savent que de l’argent il y en a. Le groupe a fait 1,2 milliards de bénéfices en 2021 et a versé 300 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires. Une grève spontanée a éclaté le 17 mars.
Les directions syndicales ont demandé d’arrêter la grève et négocié pour que la direction revienne avec des propositions le 4 avril.
Mais dès fin mars, face à l’absence de propositions concrètes, les travailleurs se sont à nouveau mis en grève. La grève s’est poursuivie durant 10 jours. Face au problème d’approvisionnement pour les usines du groupe, notamment à Seneffe, Lodelinsart, Mol et Zeebruges, la direction a fait certaines concessions même si elle s’est refusée jusqu’au bout à payer la prime due.
Si le compte n’y est pas pour les travailleurs, ils sont conscients d’avoir tenu tête collectivement face à la direction et d’avoir tissé des liens qui seront nécessaires pour les luttes de demain. Comme témoignait l’un d’eux, “ça ne sera plus jamais comme avant. Il y a désormais une solidarité, une entraide qui n’existait pas.”