Fonction publique : des actions syndicales en ordre dispersé

Les trois syndicats, CGSP, CSC et SLFP, appellent les travailleurs de la Fonction publique à une semaine d’actions du 6 au 9 mars, se terminant par une journée de grève générale le 10 mars. Les dirigeants syndicaux dénoncent en particulier le quasi-blocage des pensions et des barèmes des fonctionnaires depuis plus d’une dizaine d’années. 

Les fonctionnaires du pays dépendent de 16 régimes de barèmes et de pensions différents : le Fédéral, les 3 Régions (flamande, bruxelloise, wallonne), les 3 Communautés, mais aussi d’autres sous catégories : les fonctionnaires des Communautés linguistiques n’ont pas le même régime que ceux de l’enseignement, bien qu’ils dépendent tous des Communautés. A cela s’ajoutent les régimes des administrations locales, différents dans les 3 Régions, celui de l’armée, de la police fédérale, des entreprises publiques autonomes comme Bpost et Proximus, des chemins de fer, des Zones de secours, des organismes publics et scientifiques…

Cet éparpillement, avec dans chaque régime des règles d’une complexité invraisemblable, aboutit cependant à un résultat assez simple : en dehors de l’indexation insuffisante, les traitements des fonctionnaires de toutes ces catégories augmentent en moyenne de moins d’un pour cent par an… exactement comme les salaires du privé ! Le saucissonnage des travailleurs du secteur public en de nombreuses catégories est voulu par les gouvernements mais également accepté par les syndicats. Ce qui ne renforce pas les travailleurs, au contraire !

Sur les lieux de travail, les fonctionnaires côtoient des collègues contractuels, des collègues en contrats de remplacement, l’équivalent de l’intérim dans le privé. Ensemble, ils subissent la pression du manque de moyens et de personnel, l’augmentation de la charge de travail, le harcèlement des chefs qui devient plus pressant à mesure que le travail s’accumule et que les collègues pensionnés ou décédés ne sont pas remplacés. Le burn-out monte en flèche, les enquêtes psychosociales se suivent et aboutissent à ce que des « coach » grassement rémunérés débarquent avec leurs managements par projets rajouter une couche de contraintes au-dessus de la pile de dossiers ou de tâches à exécuter dans des délais toujours plus courts. 

Mais les travailleurs du public, quel que soit leur statut, sont sceptiques devant les mobilisations syndicales, qui ne débouchent sur aucune amélioration. Beaucoup pensent  qu’il faudrait une mobilisation de tous les travailleurs du privé comme du public, car les discussions avec les gouvernements et les patrons ne servent à rien. Il faut un rapport de force. C’est précisément cette idée qu’il faut discuter entre collègues, y compris lors des mobilisations syndicales limitées qui peuvent au moins servir à cela !