Des centaines de partisans de Trump ont pénétré dans le bâtiment du Congrès à Washington : quatre heures de chaos et cinq décès en ont résulté. Trump avait appelé ses partisans à manifester pour contester sa défaite électorale, et quelques dizaines de milliers d’entre eux étaient venus de tout le pays. Avec la passivité ou la complicité d’une partie des policiers chargés de défendre le bâtiment et/ou grâce à leur impréparation volontaire, une partie des manifestants a pu pénétrer dans le bâtiment, saccageant quelques bureaux.
Ce sont ces groupes, proches ou membres de l’extrême droite américaine, qui manifestent contre le confinement, s’attaquent aux manifestants de « Black lives matter » (la vie des noirs compte) – tirant parfois sur eux -, paradent ostensiblement armés. Beaucoup d’entre eux sont des émules du Ku Klux Klan, des nazis, ou suprématistes blancs.
Ce milieu ne va pas disparaître avec la défaite électorale de Trump, encore moins ces milices violentes, réactionnaires et armées, sans doute confortées par leur démonstration au Capitole. Ces bandes peuvent devenir de plus en plus actives, arrogantes et violentes, et se mobiliser à nouveau, sous d’autres prétextes.
La crise et le chaos dans lequel s’enfonce le capitalisme, fournissent un terreau propice à leur développement. Ils n’hésitent pas à s’appuyer sur la colère justifiée des classes populaires et se posent comme l’opposition la plus radicale et la plus déterminée contre les politiciens, les partis et l’appareil d’Etat, mais pas contre les capitalistes, leur exploitation et leur course aux profits. C’est toujours pour mieux détourner la colère des responsables du capitalisme vers les étrangers et les plus pauvres que soi. C’est toujours pour semer la division, voire la violence, entre les travailleurs, blancs contre noirs, ceux nés dans le pays contre ceux venus des pays pauvres et condamnés aux jobs les plus précaires, les plus ingrats et mal payés.
Le patronat, les milliardaires, ne sont pas menacés par ces mouvements. Au contraire. Aujourd’hui, ces milices se sont mises derrière Trump et les 80 milliardaires qui ont financé sa campagne. Demain, elles prêteront leurs services à d’autres patrons quand il s’agira de briser des grèves et terroriser les exploités.
A Biden, le nouveau président des États-Unis, cette invasion du bâtiment du Congrès a fourni l’occasion de se poser en défenseur de la démocratie et de la « vraie Amérique » qui serait « un exemple de démocratie et de respect ». Et il a été suivi en cela par la fraction du parti républicain qui désavoue Trump comme par la « gauche » du parti démocrate représentée par Bernie Sanders qui y a vu une « journée très triste pour la démocratie américaine ».
Mais de quelle démocratie parlent-ils ?! Les lois votées par le parlement, n’ont pas empêché le patronat de condamner des millions de travailleurs aux bas salaires et au chômage, durant ces dernières décennies. Au contraire, Démocrates comme Républicains ont offert des paquets de subventions pour soutenir les banques et les grandes entreprises, au détriment des services publics et des emplois. Et Biden promet même encore plus d’argent aux capitalistes que Trump ! Le résultat est que bien des travailleurs américains doivent aujourd’hui enchaîner plusieurs emplois pour survivre. Sans argent, ils n’ont pas accès à des soins de qualité, pour des milliers de jeunes des quartiers populaires, il n’y a même plus d’école !
Le parlementarisme verrouillé qu’ils appellent démocratie, n’est qu’un bien mince paravent pour un appareil d’État répressif avec sa police et ses prisons : tous les jours, un Noir ou un Hispanique qui constituent la fraction la plus pauvre de la classe ouvrière, est tué par la police. C’est un appareil répressif contre les classes pauvres. Ses armes sont pointées dans la même direction que celles des milices d’extrême droite.
Alors, pour organiser sa défense, le camp des travailleurs ne peut compter que sur ses propres forces, ses mobilisations et sa détermination.
La classe ouvrière américaine, comme celle d’Europe, est loin d’avoir dit son dernier mot. Elle devra se mettre en lutte pour défendre ses conditions de vie. Quand elle relève la tête, la peur peut très vite changer de camp. Car la classe ouvrière qui fait tourner les machines, qui crée toutes les richesses et fait fonctionner toute la société, se trouve au cœur du système. A condition de s’organiser derrière leurs propres intérêts communs, les travailleurs ont la capacité de renverser le vrai pouvoir, celui des propriétaires des banques et des usines.
C’est la seule façon efficace de combattre le danger d’extrême droite, aux États-Unis comme ici : se préparer au renversement de ce système capitaliste qui n’a plus aucun avenir à offrir à l’humanité, si ce n’est les pires barbaries.