Contre les licencieurs, les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces

Face à la décision du groupe Caterpillar de fermer le site de Gosselies, le monde politique est gagné par la radicalisation… des paroles. Au point que même le président du MR de Charleroi, Olivier Chastel, se laisse aller à parler de « réquisition », prenant cependant garde d’ajouter « si c’est légalement possible ». Paul Magnette, pas en reste, se met dans des rages dignes d’un acteur d’Hollywood pour dénoncer les multinationales et le « capitalisme sauvage ».

Voilà pour le cinéma. Mais ce n’est que la reprise d’un vieux navet, vu et revu des dizaines de fois.

Ils ont vitupéré lors de la fermeture des hauts fourneaux à Liège par Arcelor Mittal, ils ont promis de « tout faire » contre General Motors, puis Ford, mais dans les faits, ils n’ont rien fait et ont laissé les patrons des entreprises licencier à leur guise, y compris ceux de grandes entreprises bien de chez nous, comme Delhaize et Bekaerts, Agfa ou AB Inbev…

Les mêmes nous disaient en 2008, après la crise bancaire, qu’ils allaient contrôler les banques, qu’il fallait en finir avec l’opacité, que les banques devaient rendre des comptes. 8 ans après, ils continuent à injecter des milliers de milliards de dollars et d’euros dans le secteur financier qui spécule de plus belle.

Et là aussi, les emplois trinquent, hier dans les banques, aujourd’hui chez Axa, demain dans d’autres sociétés financières…

Les dirigeants politiques qui se relaient aux affaires et qui nous parlent de réquisition aujourd’hui, n’ont jamais imposé la moindre contrainte sérieuse aux capitalistes. Ils sont à leur service !

Tous n’ont comme seule perspective que « d’attirer des investisseurs » en étant encore plus généreux à leur égard que le gouvernement voisin. Alors, même s’ils réquisitionnaient réellement le site de Gosselies, ce serait au mieux pour y installer le ou les capitalistes suivants et les gaver à nouveau de subventions et de cadeaux de toutes sortes. Par contre de garantie pour l’emploi, il n’y en aura aucune, car les capitalistes auront toujours la même facilité à licencier, dès que leurs dividendes ne leur semblent plus assez gros. Quant aux salaires et aux conditions de travail, au nom de l’emploi, on demandera aux travailleurs d’accepter de nouveaux sacrifices.

Alors les travailleurs ont-ils perdu d’avance ? Non, s’ils ne se laissent pas berner par les serviteurs des capitalistes qui se relayent dans les coalitions gouvernementales et s’ils ne s’alignent pas sur les dirigeants syndicaux qui ne prêchent que la négociation. Les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces.

Oui, les travailleurs peuvent devenir une force, à condition de ne pas se laisser enfermer dans des fausses perspectives de sauvetage d’un « joyau industriel carolo », après « la sidérurgie liégeoise » ou encore du « savoir-faire automobile flamand ». Car c’est la façon habituelle des dirigeants d’isoler les travailleurs chacun dans son secteur, chacun dans son entreprise… pour être battus les uns après les autres, au lieu de se défendre tous ensemble.

Ce qui peut changer le rapport de force, c’est une mobilisation qui dépasse chaque entreprise, chaque secteur, chaque région au fur et à mesure qu’ils sont directement touchés. Aucun travailleur ne doit se voir privé de son salaire, qu’il assemble des bulldozers, qu’il soit assis à une caisse de supermarché ou qu’il travaille derrière un ordinateur chez Axa. Ils nous disent que c’est la crise. Mais quand les affaires vont bien, ce sont les actionnaires qui empochent les profits, à eux de payer quand ça va mal !

Les capitalistes réalisent leurs profits au détriment de nos emplois et nos salaires. A nous de sauver nos emplois et nos salaires en prenant sur les profits pour répartir le travail entre tous, sans perte de salaire !

Caterpillar et d’autres entreprises aux lointains actionnaires ne se laisseraient pas impressionner par une mobilisation des travailleurs en Belgique ? Cela reste à voir. Mais avec une mobilisation suffisamment forte, les gouvernements qui versent aujourd’hui des milliards à fonds perdu dans les poches des capitalistes, seraient contraints d’employer l’argent public dans des domaines utiles à la collectivité, comme l’éducation, les hôpitaux, les logements…ce qui créerait massivement des emplois.

Oui, les travailleurs ont tout intérêt à se préparer à une lutte de grande ampleur pour l’emploi et les salaires et à en discuter dès maintenant autour d’eux. C’est la seule perspective qui permettra aux travailleurs de ne pas finir nombreux dans la misère !